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Ophtalmologie

Comment agissent les nouveaux verres qui révolutionnent la correction de la myopie

Par Jean-Guillaume Bayard

Un nouveau verre est capable de freiner d’environ 60% la myopie infantile et de réduire drastiquement les risques pathologiques associés.

Doucefleur/iStock
L'OMS estime que la moitié de la population mondiale sera myope en 2050.
Les nouveaux verres sont basés sur un système de défocalisation périphérique qui permet de ralentir l’évolution myopique.
Les verres permettent de limiter les risques pathologiques associés à la myopie : les risques macalaires, les glaucomes et les cataractes.

C’est une révolution pour traiter la myopie, un trouble qui touche actuellement un enfant à l’âge de 6 ans. Des chercheurs japonais ont mis au point un verre capable de freiner de 60% la myopie. Disponibles en France depuis quelques mois, ces lunettes ont déjà un grand succès. “J’ai commencé à les prescrire depuis septembre et pour les patients cela change tout, a constaté Frank Earith, ophtalmologiste au Vésinet dans les Yvelines. Ces verres suscitent un grand engouement chez les parents puisque la myopie se transmet beaucoup de manière héréditaire. Il y a même des patients que je ne connaissais pas qui viennent me voir et me parlent de ces verres.” Depuis l’arrivée des écrans, la myopie ne cesse de progresser et l’OMS estime que la moitié de la population mondiale sera myope en 2050.

“Dans le combat de la myopie, chaque dyoptrie compte”

La myopie est due dans 95% des cas au fait que l'œil est trop long. La lumière ne se focalise plus correctement sur la rétine et les rayons lumineux se concentrent à l’avant de celle-ci, ce qui amène les objets éloignés à apparaître flous. Les nouveaux verres, développés par des chercheurs de l’université Polytechnique d’Hong Kong sont basés sur un système de défocalisation périphérique qui permet de ralentir l’évolution myopique. “Par rapport à des lunettes classiques, celles-ci ont deux puissances en une, précise Marianne Goldwaser responsable scientifique chez Hoya Vision care, la société qui a développé ces verres optiques. Il y a d’abord la puissance correctrice et en plus les verres créent une défocalisation optique qui permet de freiner l’allongement de l’œil.” La myopie étant liée quasi exclusivement à l’allongement de l’œil, l'empêcher de grandir permet de limiter le défaut de vision.

Au-delà de la capacité à freiner la myopie, les verres permettent de limiter les risques pathologiques associés à la myopie. “Il y a des risques maculaires chez les personnes myopes mais aussi de glaucomes et de cataractes, poursuit Frank Earith. C’est un handicap. Freiner la myopie chez les plus jeunes permet également de pouvoir imaginer qu’une plus grande partie d’entre eux puisse pratiquer des opérations plus tard.” Un bénéfice que met également en avant Marianne Goldwaser. “Dans le combat de la myopie, chaque dioptrie compte parce que chaque dioptrie perdue augmente de 67% le risque de complication maculaire associée à la myopie, avance-t-elle. Les gens pensent que ça ne concerne que les myopies fortes (à partir de -6) mais cela s’applique dès les débuts de la myopie (à -0,75). Quand on est myope de -6, les risques de complication maculaires sont 40 fois plus grand que quelqu’un qui n’est pas myope. Pour un myope en dessous de -3, le risque est multiplié par 2.”

Un reste à charge de 50 à 80 euros

Il est pour l’instant recommandé de prescrire ces verres à partir de 6 ans et jusqu’à 18-20 ans. Passé cet âge, la vue se stabilise donc ces lunettes n’ont plus d’intérêt. Il faut également continuer à porter ces lunettes une fois que l’on a commencé si on voit qu'elles sont efficaces, pour éviter l’effet rebond. “La myopie est freinée le temps de l’utilisation des lunettes mais si on ne les porte plus, la myopie revient”, ajoute Marianne Goldwaser. D’apparence, ces lunettes n’ont rien de différent que les lunettes classiques. “C’est un nouveau chapitre dans l’histoire de la myopie”, a conclu la responsable scientifique. Côté prix, il y a un reste à charge de 50 à 80 euros.

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