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Fascaplysinopsis reticulata

Les éponges de mer au secours du traitement contre le cancer ?

Par Charlotte Arce

Une équipe internationale de chercheurs a identifié chez une espèce d’éponge de mer un composé anti-tumoral capable d’éliminer les cellules cancéreuses résistantes à la chimiothérapie standard.

johnandersonphoto/iStock
Les chercheurs ont identifié et isolé une molécule présente dans une espèce d'éponge marine, avant de la synthétiser.
Ce composé biologique a des propriétés antitumorales avérées, puisqu'il force les cellules cancéreuses à mourir par un mécanisme de mort cellulaire programmée.
Selon les chercheurs à l'origine de cette découverte, un traitement antitumoral ciblant les cellules cancéreuses résistantes aux chimiothérapies standards pourra voir le jour d'ici 10 à 15 ans.

L’éponge marine appelée fascaplysinopsis reticulata est-elle la clé d’un futur traitement contre les cellules cancéreuses ?

C’est la thèse défendue par des chercheurs de l’université fédérale d’Extrême-Orient, en Russie. Dans une étude publiée dans la revue Marine Drugs, ses auteurs, en collaboration avec des collègues russes et allemands, expliquent avoir mis au point des composés anti-tumoraux, synthétisés à partir de molécules bioactives isolées de cette éponge de mer.

Une mort programmée des cellules cancéreuses

Les scientifiques ont testé l'effet biologique d’une molécule marine appelée l'alcaloïde marine 3,10-dibromofascaplysine sur diverses cellules cancéreuses de la prostate, y compris celles qui résistent à la chimiothérapie standard.

Ils ont d’abord isolé le composé, avant de le synthétiser chimiquement. Ils se sont aperçus que cette substance force les cellules tumorales à mourir par un mécanisme de mort cellulaire programmée. Ce processus est appelé "apoptose" et est considéré comme le mode d'action le plus favorable des médicaments anticancéreux.

Ils ont aussi noté qu’en plus de tuer les cellules cancéreuses, le composé active simultanément une enzyme (appelée "kinase") qui protège ces cellules tumorales. Cependant, cette action "ne peut pas être considérée comme ayant un 'bon' ou un 'mauvais' effet. Il s'agit simplement d'un mécanisme d'action, dont la compréhension nous suggère d'appliquer l’alcaloïde marine en même temps que des inhibiteurs de ces enzymes", explique le Dr Sergey Dyshlovoy et auteur principal de l’étude.

Un traitement disponible d’ici 15 ans

Selon les chercheurs, le composé synthétisé, en plus de sa propre activité, fonctionne bien en combinaison avec plusieurs médicaments anticancéreux déjà approuvés, ce qui renforce leur effet antitumoral.

La prochaine étape de leurs travaux consistera à examiner comment la molécule marine affecte les cellules non cancéreuses. "Dans notre laboratoire, nous essayons de modifier la structure de ces composés afin de réduire leur effet cytotoxique sur les cellules normales, tout en conservant l'effet antitumoral nécessaire. L'objectif est de créer une substance pour une thérapie ciblée, avec un minimum d'effets secondaires pour les cellules saines de l'organisme", détaille le Dr Maxim Zhidkov, co-auteur principal.

Il faudra cependant du temps avant qu’un nouveau traitement anticancéreux voit le jour, les scientifiques parlant d’un horizon de dix à quinze ans en raison de la longueur des essais cliniques prévus.