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Une puissance incomparable

Comment agit le "super" anticorps contre la Covid-19 ?

Par Mégane Fleury

Repéré dès le début de l'épidémie chez un patient américain, cet anticorps serait 560 fois plus puissant que les autres. Grâce à des images 3D, des chercheurs ont réussi à visualiser son fonctionnement. 

wildpixel/istock
Repéré dans le prélèvement sanguin d'un patient américain, cet anticorps empêche le coronavirus de s'accrocher aux récepteurs des cellules

Il s’appelle CV30 et aide notre organisme à se débarrer du nouveau coronavirus. Ce "super" anticorps a été étudié par des chercheurs du centre de recherche contre le cancer Fred Hutchinson. Ils ont réussi à retracer son action grâce à des images 3D. Leurs travaux sont publiés dans la revue spécialisée Nature Communications.

Une double action de l’anticorps

Cet anticorps a été identifié dans un prélèvement sanguin réalisé sur un patient de Washington au tout début de la pandémie. En comparaison aux dizaines d’autres anticorps naturellement générés par l’organisme, celui-ci était jusqu’à 530 fois plus puissant. "Notre étude montre que cet anticorps neutralise le virus grâce à deux mécanismes, précise Marie Pancera, co-autrice de l’étude. Le premier consiste à chevaucher les cibles du virus sur les cellules humaines, le second provoque une séparation d’une partie du spicule". Le spicule est une sorte d’épi, à la surface du virus.

Dans le corps d’une personne infectée, Sars-CoV-2 vise le récepteurs ACE2, une protéine située à la surface des cellules dans les tissus pulmonaires et les vaisseaux sanguins. CV30 empêche le virus de s’accrocher à ces récepteurs, ce qui ne lui permet plus d’infecter les cellules. En parallèle, il cisaille les spicules présents à la surface de SARS-CoV-2. Les images qui ont permis de comprendre l'action de l’anticorps ont été réalisées grâce à des rayons X très puissants, fabriqués grâce à un synchrotron. Cet appareil géant est rare : il n’y en a que 40 sur la planète. 

Un intérêt thérapeutique ? 

Plusieurs laboratoires travaillent sur des traitements liés aux anticorps, notamment les thérapies appelées "transfert en plasma-convalescent" : elles consistent à transfuser le sang de patients guéris à des personnes infectées. Pour l’instant, les études montrent une efficacité limitée. Les "cocktails d’anticorps monoclonaux" sont l’une des autres pistes, il s’agit de fabriquer des anticorps en laboratoire, puis de les injecter chez des patients infectés ou en prévention. Les chercheurs espèrent que ces découvertes sur CV30 seront utiles dans ces recherches sur la prévention et le traitement de la Covid-19. "C’est trop tôt pour le dire", tempère Marie Pancera.