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Covid-19

Confinement : hausse des troubles du comportement alimentaires et de l’anxiété

Par Jean-Guillaume Bayard

L’analyse des recherches Google pendant la période de confinement révèle une nette augmentation des recherches liées aux termes “crise d’angoisse” et “crise de panique”. Une étude britannique met en lumière une aggravation des troubles du comportement alimentaire pendant cette période.

aldarinho/iStock
Aux États-Unis, le nombre de recherches liées aux termes “crise d’angoisse” et “crise de panique” pendant le confinement ont augmenté de 17%.
Près de 9 sur 10 (87%) ont déclaré une aggravation de leurs symptômes de troubles de comportement alimentaire pendant la période confinée.

Au fur et à mesure, les dégâts du confinement sur notre santé se révèlent. Deux nouvelles études suggèrent une augmentation de l’anxiété de la population et une profonde détérioration des troubles du comportement. Leurs résultats ont été publiés respectivement le 24 août dans la revue JAMA Internal Medicine et dans le Journal of Eating Disorders à paraître le 31 août.

Des années pour comprendre toutes les conséquences

La première étude s’est intéressée aux recherches Google entre le 16 mars et le 14 avril. Aux États-Unis, le nombre de recherches liées aux termes “crise d’angoisse” et “crise de panique” ont augmenté de 17%. Un pic similaire a été observé en France. “Les recherches pour les crises d'anxiété et de panique ont été les plus élevées jamais enregistrées en plus de 16 ans de données historiques, décrit le docteur Benjamin Althouse, co-auteur de l’étude. En termes pratiques, au cours des 58 premiers jours de la pandémie Covid-19, nous avons estimé à 3,4 millions le nombre total de recherches liées à l’anxiété aiguë sévère aux États-Unis”. Au total ce sont 375 000 recherches Google supplémentaires concernant ces termes qui ont été rapportées sur cette période.

Ces résultats ne sont que le début de l’analyse des conséquences du confinement sur notre santé mentale. “Il faudra peut-être des années pour comprendre pleinement les retombées sociétales du Covid-19, appuie le docteur Adam Poliak, et co-auteur de l’étude. Avec le temps, nous pourrions découvrir que beaucoup plus de services globaux seront nécessaires pour répondre à d'autres conséquences collatérales et notre approche rapide basée sur les données pourrait être utilisée pour cibler et prioriser les réponses à ces répercussions.”

Le déconfinement, une nouvelle étape

Les chercheurs britanniques qui ont réalisé la deuxième étude, portant sur l’évolution des troubles du comportement alimentaire pendant le confinement, ont interrogé 129 personnes présentant l’un de ces troubles. Ces derniers sont de trois ordres, de l’anorexie à la boulimie en passant par l’hyperphagie. Parmi les interrogés, ils sont près de 9 sur 10 (87%) à déclarer une aggravation de leurs symptômes pendant la période confinée. Parmi eux, 30% déclarent même que leurs symptômes se sont “beaucoup aggravés”. Les chercheurs émettent toutefois une limite à leur étude puisque les participants ont été recrutés sur les réseaux sociaux où, potentiellement, ce sont ceux vivant le moins bien leur condition qui seraient plus enclins à répondre.

Pour ces personnes qui ont souffert d’une aggravation de leurs symptômes, la période du déconfinement est une nouvelle épreuve. “Les personnes souffrant de troubles alimentaires ressentiront probablement un effet à long terme sur leurs symptômes et leur rétablissement. Il est important que cela soit reconnu par les services de santé, et au-delà, afin d'offrir les ressources nécessaires pour soutenir cette population vulnérable maintenant et de façon continue”, plaide la docteure Dawn Branley-Bell, co-autrice de l’étude.