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Amour

Dispute de couple : la médiation active les circuits de récompense

Par Jean-Guillaume Bayard

L’imagerie cérébrale a révélé que l’intervention d’un médiateur pendant la scène de ménages d’un couple modifie les activations dans notre cerveau et favorise les circuits de récompense.

Fizkes/iStock
L’étude du cerveau des participants a révélé que ceux qui ont vu le médiateur intervenir ont vu leur noyau accumbens, la région clé du circuit de la récompense de leur cerveau, s’activer.
L’analyse du cerveau avant les accrochages a montré un schéma d'activation dans le striatum et le cortex orbitofrontal, deux régions du cerveau associés à l’amour romantique, se désactivent pendant l'engueulade.

La vie avec sa moitié n’est pas toujours toute rose et des disputes sont quasiment inévitables. Une étude menée par des chercheurs de l'UNIGE, l'université de Genève révèlent que pour qu’elles ne polluent pas le couple, mieux vaut opter pour l’intervention d’un médiateur. Les résultats ont été publiés dans la revue Cortex le 29 juillet dernier.

Créer des conflits

Les chercheurs ont étudié le cerveau de 36 couples hétérosexuels en couple depuis au moins un an. Ils ont utilisé un dispositif de neuro-imagerie médicale, avant et après une séance de dispute provoquée dans le laboratoire suisse de l’université de Genève. En amont, chaque membre des couples ont rempli un questionnaire dans lequel ils ont listé les sujets pouvant déraper en engueulade comme le temps passé ensemble, les finances, la sexualité ou encore les relations avec les beaux-parents. Une étude originale pour un phénomène, l’amour, qui “est pour l'instant assez peu investigué en neurosciences, surtout en imagerie fonctionnelle chez les êtres humains”, avance Olga Maria Klimecki-Lenz, chercheuse au Centre interfacultaire en sciences affectives (CISA) et à la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l’UNIGE, à Sciences et Avenir.

Dans le laboratoire, les chercheurs se sont appuyés sur les sujets qui fâchent pour créer des engueulades chez les couples sous l’œil d’un médiateur qui est intervenu dans la moitié des cas et est resté simple spectateur dans l’autre moitié. Les discussions ont duré environ une heure. “En général, les dix premières minutes sont un peu embarrassante mais ensuite les choses s'enchaînent avec un naturel impressionnant et débouchent immanquablement sur un conflit, se souvient Halima Rafi, doctorante à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, et auteure principale de l’étude, dans le communiqué de presse de l'université de Genève qui accompagne la publication.

Le circuit de la récompense activé

L’étude du cerveau des participants a révélé que ceux qui ont vu le médiateur intervenir ont vu leur noyau accumbens, la région clé du circuit de la récompense de leur cerveau, s’activer. Pour s’en rendre compte, chacun des volontaires est passé dans une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle avant et après la dispute. “En général, le noyau accumbens est activé lors de la récompense, confirme Olga Maria Klimecki-Lenz. Par exemple quand on reçoit un aliment qu'on aime beaucoup, comme le chocolat, ou même de l'argent. Ce peut être aussi quand les mères regardent une photo de leur propre enfant ou dans les études d'amour romantique quand on voit le visage du partenaire.”

L’analyse du cerveau avant les accrochages a également montré un schéma d'activation dans le striatum et le cortex orbitofrontal, deux régions du cerveau associés à l’amour romantique. “Après le conflit, nous avons observé assez logiquement une désactivation générale chez les deux groupes dans ces régions du cerveau, note Halima Rafi. “Il nous semble logique que la signature neuronale de l'amour baisse car le ressenti change”, estime Olga Maria Klimecki-Lenz.