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GS-6207

VIH : une nouvelle molécule pour empêcher la réplication du virus

Par Charlotte Arce

Dans un article publié dans la revue “Nature”, des chercheurs expliquent avoir mis au point la molécule GS-6207, capable de perturber la réplication du VIH en ciblant l’enveloppe du virus. Et ce, même sur les souches résistantes aux agents antirétroviraux actuels.

Motortion/iStock
La molécule GS-6207 est capable de se lier à l'enveloppe du virus et d'empêcher sa réplication.
Son action est de longue durée : jusqu'à 6 mois après une injection.
Elle peut être utilisée comme traitement et à titre préventif.

Une nouvelle étape dans la lutte contre le virus du Sida vient d’être franchie. Alors que le Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ne dispose à l’heure actuelle ni d’un remède, ni d’un vaccin, des chercheurs du laboratoire pharmaceutique américain Gilead, sont à l’origine d’une découverte qui, à terme, pourrait devenir un nouvel agent thérapeutique de longue durée.

Dans une étude publiée dans la revue Nature, ils expliquent avoir développé une nouvelle molécule capable de cibler l’enveloppe du VIH, la capside, où se trouve son matériel génétique. Appelée GS-6207, la molécule se lie étroitement à la capside et perturbe le cycle de vie du virus, ce qui l’empêche de se répliquer.

Jusqu’à 6 mois d’efficacité

D’abord testé en laboratoire, la molécule GS-6207 est d’autant plus prometteuse qu’elle s’est avérée efficace contre plusieurs souches du VIH, dont certaines résistantes à certains traitements antirétroviraux.

Elle a ensuite été administrée lors d’un essai clinique sur 32 patients porteurs du VIH-1. Une unique dose de GS-6207 a permis de réduire significativement leur charge virale (de 22 à 160 fois) et ce, en seulement neuf jours. De plus, les chercheurs ont remarqué que la molécule reste longtemps dans l’organisme et ce, sans qu’on ait besoin de le réadministrer. Ainsi, la concentration de produit suffisamment efficace pour inhiber 95% de la réplication virale s’est maintenue jusqu’à six mois et ce, avec deux injections sous-cutanées par an. Un avantage non négligeable pour aider les patients à suivre leur traitement.

Pas encore d’autorisation de mise sur le marché

Pour autant, les essais cliniques sont loin d’être terminés et sa mise sur le marché n’a pas encore été approuvée. De nouveaux tests sont nécessaires pour mesurer l’innocuité du traitement et l’absence d’effets secondaires graves. Un autre test, mené sur 40 volontaires sains, et dont huit avaient reçu un placebo, a montré que la molécule a occasionné chez 75% des sujets que des effets indésirables modérés et réversibles, comme des éruptions cutanées ou des réactions au site d'injection.

D’après les auteurs de l’étude, la molécule GS-6207 est d’autant plus prometteuse qu’elle peut non seulement être utilisée comme traitement, mais aussi à titre préventif dans les groupes à risque, telle que la pilule Prophylaxie pré-exposition (PrEP). Ils en concluent donc qu’il s’agit d’un “outil potentiellement transformateur dans les efforts pour mettre fin à l'épidémie mondiale de VIH”.