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Maladie des mineurs

Silicose : l’inquiétante résurgence de la maladie pulmonaire professionnelle

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude constate une hausse inquiétante des cas de silicose, une affection pulmonaire autrefois constatée chez les mineurs de fond et qui touche aujourd’hui les artisans travaillant les pierres artificielles.

Mogala/iStock
Une étude pointe la recrudescence de la silicose, autrefois appelée la "maladie des mineurs".
En cause : le travail de l'agglomérat de quartz artificiel, une pierre artificielle utilisée pour les comptoirs de cuisine et de salle de bain.

Considérée comme la plus ancienne des maladies pulmonaires professionnelles, la silicose est une affection touchant les mineurs, les ouvriers des carrières, les tailleurs de pierre ou encore les mineurs de charbon. Elle est la conséquence de l’inhalation de minuscules particules de silice (silice cristalline) dans les mines, les carrières, les percements de tunnel ou encore les chantiers du bâtiment et des travaux publics.

Selon une nouvelle étude publiée dans la revue CHEST, la silicose est loin d’avoir disparu. Elle serait même en inquiétante progression auprès d’artisans et ouvriers travaillant la pierre artificielle, appelée agglomérat de quartz artificiel, un nouveau matériau utilisé notamment pour les comptoirs de cuisines et de salles de bain.

6,6% des travailleurs concernés

Menée auprès de 106 travailleurs du sud de l’Espagne atteints de silicose ou de fibrose pulmonaire grave entre 2009 et 2018, l’étude montre que l’inhalation de poussières d’agglomérat de quartz artificiel augmente significativement le risque de développer ces deux maladies.

Composée de pierres finement broyées et mélangées à des résines synthétiques à forte teneur en silice, l’agglomérat de quartz artificiel émet, lors de sa fabrication ou de sa coupe, des poussières cristallines respirables qui peuvent causer des dommages permanents aux poumons quand elles sont inhalées.

Alors que 6,6% des travailleurs ont été initialement diagnostiqués avec une fibrose pulmonaire massive, 37,7% avaient une maladie plus avancée lors de l'examen de suivi, même s'ils avaient quitté leur emploi et n'étaient plus exposés aux poussières nocives, explique ainsi Antonio León-Jiménez, chercheur au département de pneumologie, d'allergie et de chirurgie thoracique de l'hôpital universitaire Puerta del Mar et auteur principal de l’étude. Chez un quart des patients, le taux de diminution de la capacité pulmonaire a progressé très rapidement.”

De nouvelles mesures de protection indispensables

Si des mesures de protection ont déjà été adoptées pour mieux protéger les travailleurs de pierre artificielle contre l’inhalation de poussières, comme l'utilisation de techniques de suppression de l'eau et de ventilation par aspiration, les cas de silicose continuent de croître, notamment dans les petits ateliers et usines, pas toujours bien équipés.

Pour les auteurs de l’étude, il est indispensable que des contrôles techniques plus contraignants soient réalisés, et que de nouveaux traitements contre la silicose soient développés et testés. “Éviter l'inhalation continue de silice est essentiel, mais ce n'est pas suffisant. La majorité des patients sont jeunes et la progression de la maladie, chez un nombre important d'entre eux, laisse présager un avenir incertain. Nos conclusions soulignent la nécessité de maximiser les mesures de protection chez les patients actifs et de trouver de nouveaux traitements susceptibles de retarder ou de freiner la progression de la maladie”, conclut le docteur León-Jiménez.