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Apprentissage de la lecture

La dyslexie serait liée à des troubles de l'attention visuelle

Par Bruno Martrette

Les personnes dyslexiques ne présenteraient pas seulement des problèmes de lecture, elles souffriraient également de troubles de l’attention visuelle. Une équipe de l’Inserm confirme cette hypothèse.

Albert Cesare/AP/SIPA

En France, la dyslexie touche environ 5 % des enfants scolarisés et se manifeste dès le cours préparatoire, par une difficulté à associer lettres et sons, surtout pour des sons brefs comme les p, t, b. De plus, l’enfant lit très difficilement : il lui faut un an pour acquérir le nombre de mots qu'apprend à lire un bon lecteur en quelques jours. Bref, pour ces enfants là, l’école peut vite devenir un vrai supplice. Pourtant, d'après une étude parue récemment dans la revue scientifique Clinical neurophysiologyles personnes dyslexiques ne présentent pas seulement des problèmes de lecture, elles souffriraient également de troubles de l’attention visuelle. 


Les troubles attentionnels confirmés
Pour parvenir à cette conclusion, une équipe de chercheurs de l'Inserm rattachée à l'Université de Strasbourg s’est penchée sur cette hypothèse et la confirme. Menée par Anne Bonnefond, elle a soumis des sujets dyslexiques et des personnes sans difficulté de lecture à une épreuve purement attentionnelle, sans sollicitation verbale. Ils ont pour cela placé les participants devant un écran sur lequel s’affichait une série de flèches toutes orientées dans le même sens ou dans des directions différentes.
L'expérience consistait alors à demander aux personnes de fixer le point central et de dire dans quel sens était orientée la flèche du centre. Pendant ce temps, les scientifiques enregistraient l'activité électroencéphalographique (potentiels évoqués) des participants pendant toute la réalisation de la tâche. Et les résultats furent étonnants !
Au final, il est apparu qu’en cas de conflit dans l’orientation des flèches, les personnes dyslexiques commettent davantage d’erreurs que les bons lecteurs. « La littérature relate des difficultés à traiter les éléments distracteurs chez ces sujets. Ils sont plus lents pour réagir à des stimuli incongruents. Cela serait lié à une perturbation de leur attention visuospatiale, le champ visuel gauche paraît sous investi alors que le champ visuel droit semble au contraire surinvesti. D’où de possibles difficultés de lecture », explique Anne Bonnefond.

L'espoir d'une meilleure prise en charge
Mais ces chercheurs de l'Inserm ne comptent pas s'arrêter là, car l'étude précise qu'ils veulent à présent tenter de déterminer en quoi ces déficits attentionnels sont spécifiques à la dyslexie, en comparant les sujets dyslexiques à d’autres populations présentant un retard de lecture moins important (mauvais lecteurs).
« Cela pourrait permettre d’identifier des marqueurs de la dyslexie et d’améliorer la prise en charge de ce trouble en intégrant des exercices adaptés, par exemple pour entrainer l’attention visuospatiale », conclut la chercheuse.
Cette nouvelle découverte rejoint en tout cas celle d'une équipe française du CHU de la Timone à Marseille et du CNRS. Au mois d'avril dernier, ces chercheurs révélaient déjà grâce à l'IRM, que l'aire visuelle des mots était beaucoup moins active chez les dyslexiques. Un dysfonctionnement qui prouvait une fois de plus que la dyslexie n'a rien à voir avec un manque d'intelligence !