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Maladies cardiovasculaires

Hypertension artérielle : un besoin de nouvelles approches thérapeutiques

Par Thierry Borsa

Même chez les patients traités pour hypertension artérielle, seuls 40% sont aux objectifs définis par les consensus, à savoir 14/9. Ce qui pose le problème de l’efficacité des traitements disponibles pour la prise en charge de cette maladie qui, du fait de sa grande fréquence, est le facteur de risque responsable du plus grand nombre de décès et de handicap dans le monde.

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Dans le traitement de l'hypertension artérielle, nous avons besoin de nouvelles approches thérapeutiques pour les sujets âgés et les formes résistantes”. Le professeur Jean-Jacques Mourad pose en ces termes l'enjeu d'avenir dans la prise en charge de la HTA, le facteur de risque cardiovasculaire le plus fréquent et en constante augmentation compte tenu de l'accroissement de l'âge de la population : environ 12 millions de personnes seraient hypertendues traitées en France (8,6 millions en 2000) et on estime à plus d'un milliard le nombre d'individus concernés dans le monde.

Un patient sur deux ne parvient pas à équilibrer sa tension artérielle

L'importance de ces nouveaux traitements est d'autant plus grande que près d'un patient sur deux en France, tout en étant suivi pour cette pathologie, ne parvient pas à équilibrer sa tension artérielle. Il y a d'abord comme cause de cette proportion importante, le sujet de l'inobservance des traitements et, comme le souligne le Professeur Mourad, “l'inertie thérapeutique de certains médecins qui ne prescrivent pas assez les différentes classes de traitements existants.” Néanmoins, une autre explication réside dans l'absence d'un arsenal mieux adapté à une population vieillissante.

Si certains malades seront équilibrés grâce à un seul antihypertenseur, la majorité des personnes souffrant d’HTA aurait besoin d’une polythérapie, c’est-à-dire une combinaison de plusieurs traitements : un bloqueur du système rénine-angiotensine, un inhibiteur calcique et un diurétique. Toutefois, de tels traitements sont contraignants et peuvent provoquer des effets secondaires qui nuisent à leur observance.

Cela souligne la nécessité de développer de nouveaux antihypertenseurs, par exemple ceux ciblant la régulation centrale de la pression artérielle, en agissant directement sur le cerveau et en permettant de réduire la pression artérielle quel que soit le profil des malades.

Un effet anti-hypertenseur mais pas hypotenseur

Une nouvelle voie thérapeutique devrait rapidement apparaître avec la mise au point d’une molécule originale, agissant non plus sur les organes périphériques comme la plupart des anti-hypertenseurs existants, mais directement sur le cerveau en inhibant l’enzyme aminopeptidase-A. Cela permet de bloquer au niveau cérébral la transformation de l‘angiotensine II en angiotensine III, ce qui aboutit à réduire la libération de vasopressine et l’activité sympathique en améliorant la réponse baroréflexe.

L'intérêt de ce traitement est également son effet anti-hypertenseur mais pas hypotenseur, ce qui est prometteur en termes de tolérance et, comme le souligne le professeur Jean-Jacques Mourad, qu'il permet “d'éviter l'effet diurétique qui n'est pas bon s'il existe un risque de diabète”. Une étude est actuellement en cours sur cette nouvelle molécule avec un groupe de patients intégrant une proportion importante d'individus appartenant à des groupes à risque identifiés aux Etats-Unis, notamment les Afro-Américains souffrant d'obésité. Cette étude montre par ailleurs que ce traitement n'aurait que peu d'effets secondaires à court terme, les seuls observés étant des maux de tête ou des réactions cutanées réversibles.

Ci-dessous, l'interview du professeur Jean-Jacques Mourad par le docteur jean-Paul Marre :