ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Coronavirus : le Covid-19 peut entraîner des lésions cardiaques

Lourdes conséquences

Coronavirus : le Covid-19 peut entraîner des lésions cardiaques

Par Raphaëlle de Tappie

Le Covid-19 pourrait avoir des conséquences fatales pour les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires sous-jacentes et provoquer des lésions cardiaques chez les patients ne souffrant d'aucun problème a posteriori. 

wildpixel/istock
Les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires sont plus à risque face à Covid-19
L'infection par SARS-CoV-2 peut entraîner des lésions cardiaques même chez les personnes n'ayant aucun problème cardiovasculaire

On apprend tous les jours un peu plus sur le Covid-19. Si les experts savent désormais qu’une maladie virale de la sorte peut provoquer de graves infections respiratoires pouvant entraîner des lésions pulmonaires et la mort dans le pire des cas, on en savait moins sur ses effets sur le système cardiovasculaire. D’après une étude parue le 27 mars dans la revue JAMA Cardiology, le virus peut avoir des conséquences fatales pour les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires sous-jacentes. Les maladies cardiovasculaires concernant le cœur et la circulation sanguine. Elles peuvent aller de l’artériosclérose à l’infarctus du myocarde, en passant par l’artérite, l’angine de poitrine, la thrombose, l’insuffisance cardiaque ou les troubles du rythme cardiaque. Plus inquiétant encore : il pourrait même provoquer des lésions cardiaques chez les patients qui ne souffraient d’aucun problème a posteriori.

Selon un bulletin clinique publié par l'American College of Cardiology, le taux de létalité du Covid-19 chez les patients atteints de maladies cardiovasculaires était de 10,5 %. Les données indiquent également que les personnes de plus de 65 ans souffrant de maladies coronariennes ou d’hypertension sont également plus susceptibles de contracter la maladie et de développer des symptômes plus graves nécessitant des soins intensifs.

Cependant, lors de précédentes épidémies de coronavirus et de grippes, des recherches ont montré que les infections virales peuvent provoquer des syndromes coronariens aigus, des arythmies et le développement ou l'exacerbation de l'insuffisance cardiaque. Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV), identifié pour la première fois dans le sud de la Chine en 2002, pourrait par exemple avoir entraîné des complications cardiovasculaires telles que le syndrome coronarien aigu et l'infarctus du myocarde. En tout, il a fait plus de 800 morts dans 29 pays. Le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), découvert pour la première fois en 2012 en Arabie saoudite a quant à lui entraîné 858 décès dans 26 pays.   

“Le muscle cardiaque peut être affecté par une maladie à coronavirus”

Aussi, “il est probable que même en l'absence de maladie cardiaque antérieure, le muscle cardiaque peut être affecté par une maladie à coronavirus, commente Mohammad Madjid, auteur principal de la nouvelle étude et professeur adjoint de cardiologie à la McGovern Medical School du Centre des sciences de la santé de l'université du Texas à Houston (UTHealth, Etats-Unis). Globalement, une lésion du muscle cardiaque peut survenir chez tout patient, qu'il soit atteint ou non d'une maladie cardiaque, mais le risque est plus élevé chez ceux qui sont déjà atteints d'une maladie cardiaque”, développe-t-il.

Selon son équipe et lui, les cas critiques de Covid-19 sont ceux qui ont signalé une insuffisance respiratoire, un choc septique et/ou un dysfonctionnement ou une défaillance de plusieurs organes ayant entraîné la mort. “Il est raisonnable de s'attendre à ce que des complications cardiovasculaires importantes liées à la Covid-19 se produisent chez les patients présentant des symptômes graves en raison de la forte réponse inflammatoire associée à cette maladie”, poursuit Mohammad Madjid.

Se faire vacciner de la grippe ou de la pneumonie en prévention ? 

Le nouveau virus à l’origine de l’épidémie de Covid-19 est originaire du centre de la Chine. Les premiers malades sont apparus en décembre 2019 et, le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu’il s’agissait d’une pandémie mondiale. Les trois symptômes les plus courants sont fièvre, toux sèche et essoufflement. Les malades peuvent également souffrir de douleurs musculaires, d’un mal de gorge, de congestion nasale, de maux de tête, et dans de plus rare cas, d’une perte de l’odorat et du goût.  Les symptômes peuvent apparaître dès deux jours après l'exposition au virus et jusqu'à 14 jours après.

Afin de mettre fin à la pandémie, les travaux se multiplient pour mieux comprendre la maladie et développer des traitements et un vaccin. Il y a quelques jours, l’entreprise japonaise Anges a notamment annoncé en avoir développé un à l'aide d'un virus inactivé. Elle lancera rapidement des tests sur les animaux. En attendant, les chercheurs de l’étude publiée dans JAMA Cardiology recommandent à tous les professionnels de santé de se faire vacciner contre la grippe et aux patients à risque de demander à leur médecin traitant un vaccin contre la pneumonie. Si ces vaccins ne confèrent pas de protection spécifique contre Covid-19, ils peuvent contribuer à prévenir les infections superposées au virus. 

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité au monde. En France, elles arrivent juste après les cancers et sont à l’origine d’environ 140 000 morts par an. Plusieurs facteurs de risque sont connus tels que l’hypertension, l’hyperglycémie, le surpoids, l’obésité ou encore le stress. On a également constaté qu'éviter le tabac, les abus d'alcool, avoir une activité physique régulière et une alimentation équilibrée réduisait les risques.