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Nutrition

Alimentation : la valeur nutritionnelle des fruits et légumes a baissé depuis 50 ans

Par Anaïs Col

Une chercheuse indépendante confirme que la valeur nutritionnelle des fruits et légumes a considérablement diminué depuis une cinquantaine d'années.

SStajic /istock

La valeur nutritionnelle de nos fruits et légumes a-t-elle baissé au cours des dernières décennies ? C'est en tout cas ce qu'avancent les travaux de la chercheuse indépendante Anne-Marie Mayer publiés dans le British Food Journal.

Baisse de fer, calcium, cuivre et potassium

En comparant la teneur en minéraux de 20 fruits et 20 légumes cultivés dans les années 1930 et 1980, elle a observé plusieurs réductions marquées de la teneur en minéraux. Plus précisément, la chercheuse affirme que les niveaux de calcium, magnésium, cuivre et sodium ont baissé dans les légumes, de même que les taux de magnésium, cuivre, fer et potassium dans les fruits.

Selon elle, le phosphore serait le seul minéral à n'avoir montré aucune différence de niveau ces 50 dernières années. La teneur en eau aurait augmenté de manière significative et la matière sèche (ce que l'on obtient lorsqu'on retire l'eau d'un produit) a fortement diminué dans les fruits. “Ces changements pourraient avoir été causés par des anomalies de mesure ou d'échantillonnage, des modifications dans le système alimentaire, dans les variétés cultivées ou dans les pratiques agricoles”, commente la chercheuse qui estime qu'il apparait aujourd'hui essentiel “d'étudier les causes des différences de teneur en minéraux et leur effet sur la santé.”

Les tomates ont perdu 59% de vitamine C

Ces résultats rejoignent ceux de l'émission “Cash Investigation” (juin 2019) qui avait analysé les 70 fruits et légumes les plus consommés par les Français et découvert qu'ils avaient perdu en moyenne 16% de calcium, 27% de vitamine C et 48% de fer ces 60 dernières années. A titre d'exemple, en 60 ans, la tomate aurait perdu 59% de vitamines C, notamment parce que 98% des variétés de tomates mises sur le marché sont issues de semences hybrides, ce qui signifie que les gènes sont croisés. 

Cependant, le sujet n'est pas nouveau. Aux Etats-Unis, le docteur Donald Davis de l'université du Texas a publié une vaste étude en 2004  sur les valeurs nutritionnelles de 43 fruits et légumes entre 1950 et 1999 dans le Journal of the American College of Nutrition. Il évoque alors des baisses de protéines, de calcium, de phosphore, de fer, de riboflavine (vitamine B2) et de vitamine C .

Donald Davis attribue cette perte de micro-nutriments aux nouvelles pratiques agricoles destinées à augmenter la taille et la croissance des fruits et légumes. “Il y a probablement eu des baisses d’autres nutriments, comme le magnésium, le zinc et les vitamines B6 et E, mais ils n’ont pas été étudiés en 1950 et il faut faire plus de recherches pour savoir combien nous en avons perdu”, a-t-il déclaré.

Néanmoins, le fait que les fruits et légumes ne soient plus aussi riches qu'avant ne signifie pas qu'il est inutile d'en consommer, au contraire ! Ils sont toujours riches en fibres, en vitamines, en minéraux et essentiels à notre santé.