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Risque de cancer de la peau

Kératose actinique : l’ANSM suspend la mise sur le marché du gel Picato

Par Charlotte Arce

Selon l’Agence du médicament, ce gel prescrit pour traiter la kératose actinique, une maladie de la peau résultant d’une trop grande exposition aux rayons UV, augmenterait le risque de développer un cancer cutané.

JosuOzkaritz/iStock

Le Picato gel, prescrit pour traiter la kératose actinique, ne doit plus être commercialisé et utilisé. Dans un avertissement daté du vendredi 17 janvier, l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé que la Commission européenne suspendait "par mesure de précaution" l’autorisation de mise sur le marché du Picato gel.

Elle suit les recommandations de de l’agence européenne des médicaments (EMA) qui, depuis le mois de septembre 2019, avait mis en lumière le risque potentiel de cancer cutané dans la zone traitée par ce médicament.

Un risque de cancer cutané

Aussi appelée kératose solaire, la kératose actinique est une maladie de peau caractérisée par des lésions rugueuses résultant d’une exposition trop prononcée aux rayons UV du soleil ou artificiels. Considérée comme étant pro carcinogène, cette pathologie entraîne souvent le développement de cancers de la peau, et en particulier de carcinomes spinocellulaires.

Selon l’ANSM, cependant, le rapport bénéfice/risque du Picato gel est défavorable car il peut lui-même favoriser l’apparition de cancers cutanés. Ce médicament contient en effet du mébutate d’ingénol, qui "fait l’objet d’une surveillance particulière sur un éventuel sur-risque de certains cancers cutanés, en particulier de carcinomes épidermoïdes, dans la zone traitée", développe l’agence sanitaire.

Dans l’attente des conclusions sur la réévaluation du Picato, le médicament voit donc son autorisation de mise sur le marché. "Nous demandons par conséquent aux médecins de ne plus prescrire ce traitement, aux pharmaciens de ne plus le délivrer et aux patients de ne plus l’utiliser. En cas d’apparition de nouvelles lésions cutanées, d’excroissance ou de symptômes inhabituels, nous recommandons aux patients de consulter leur médecin", écrit l’ANSM.

Pas de conséquence à l’arrêt du traitement

Selon Alban Dhanani, directeur des médicaments en dermatologie à l’ANSM, l’arrêt du traitement n’est pas dommageable. "Il s’agit d’un traitement court, deux à trois jours, et l’arrêter n’a pas de conséquence. Il existe d’autres traitements locaux à mettre sur la peau (le 5-FU et l’imiquinod)", a-t-il expliqué à l’AFP. Toute utilisation passée du Picato gel n’est pas non plus grave.

"Soyez attentif à toute apparition de nouvelle lésion cutanée, d’excroissance ou de tout symptôme inhabituel. Dans ces cas, rapprochez-vous de votre médecin. De manière générale, consultez régulièrement votre dermatologue ou votre médecin généraliste si vous avez des kératoses actiniques", conseille l’ANSM.