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Diagnostic

Vers une approche plus personnalisée de la maladie mentale

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude pointe la nécessité d’une approche plus individualisée des diagnostics de maladie mentale pour mieux répondre aux besoins des patients et adapter leurs traitements.

tadamichi/iStock

Trouble obsessionnel-compulsif, addictions, démence, schizophrénie, hyperphagie boulimique, trouble bipolaire… S’il est aujourd’hui possible de définir en termes diagnostics ces maladies mentales, c’est parce qu’elles ont toutes été "étiquetées" en termes catégoriques par des scientifiques qui en ont listé les critères : si les patients répondent à tels critères, il est alors possible de poser un diagnostic. Si ces critères prédéfinis sont extrêmement importants pour prendre des décisions cliniques de traiter ou non les patients, de plus en plus de voix de spécialistes s’élèvent contre le cadre rigide qu’ils érigent. Selon eux, ils ne reflètent pas la véritable nature de la maladie mentale.

Faut-il alors réviser ces cadres catégoriels existants ? De nombreuses études en ont déjà affirmé la nécessité. Selon leurs auteurs, il peut exister un chevauchement important des troubles mentaux : la plupart des patients répondent en effet aux critères des troubles multiples. Par ailleurs, de nombreux troubles mentaux ont des points communs, comme la compulsivité.

C’est aussi la problématique que soulève une nouvelle étude menée par le Trinity College de Dublin. Publiée dans JAMA Psychiatry, elle soulève la nécessité d'approches plus individualisées pour définir la maladie mentale.

Respecter la biologie du cerveau

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont demandé à des patients atteints de trouble obsessionnel-compulsif (TOC) de répondre à un questionnaire sur les symptômes cliniques de leur maladie mentale. En moyenne, ces derniers ont répondu à 3,7 diagnostics concomitants : bien qu’ils reçoivent le même diagnostic, les patients peuvent présenter peu ou pas de symptômes qui se chevauchent et réagir de manière totalement différente au même traitement.

Ces résultats suggèrent donc, pour les auteurs de l’étude, que les niveaux autodéclarés de comportement compulsif sont un meilleur prédicteur d'altérations de la flexibilité cognitive que le diagnostic de TOC chez une personne. "En définissant la santé mentale et la maladie mentale d'une manière qui est fidèle à la biologie du cerveau et qui respecte une réalité qui est que la plupart des maladies mentales varient au sein de la population, nous espérons que nous traçons la voie vers un avenir où les traitements pourront être prescrits sur une base plus individualisée, basée sur des systèmes et circuits bien définis du cerveau et, surtout, avec un taux de réussite supérieur", explique le Dr Claire Gillan, auteure principale des travaux.