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Psychiatrie

Le nombre de personnes de plus de 65 ans sous antidépresseurs a doublé en vingt ans

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude britannique montre que les seniors consomment de plus en plus d’antidépresseurs et ce, alors que le nombre de personnes âgées ayant été diagnostiquées dépressives a peu évolué.

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La dépression n’a pas d’âge. Alors qu’en 2006, une étude menée par la Direction de la Recherche des Études de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) concluait que le risque de développer des symptômes dépressifs était plus faible chez les personnes âgées de 60 à 75 ans, de nouveaux travaux menés par l’Université d’East Anglia (UEA), en Angleterre, donnent la tendance inverse.

Selon cette nouvelle étude, publiée dans le British Journal of Psychiatry, le nombre de personnes âgées de plus de 65 sous antidépresseurs a plus que doublé en vingt alors, alors même que le nombre de personnes dépressives a peu évolué.

Moins de seniors dépressifs, mais plus sous antidépresseurs

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se sont fondés sur des études sur la fonction cognitive et le vieillissements, menées entre 1991 et 1993, puis entre 2008 et 2011. Au total, plus de 15 000 personnes âgées de 65 ans et plus, résidant en Angleterre et au Pays de Galles ont été interrogées.

Ils ont constaté que la proportion de personnes âgées s’étant fait prescrire des antidépresseurs avait plus que doublé en deux décennies, passant de 4,2% au début des années 90 à 10,7% sur la période 2008-2011. A titre de comparaison, la prévalence estimée de la dépression chez les senior a peu changé : elle était de 7,9% au début des années 90 et de 6,8% vingt ans plus tard.

Fait intéressant, les auteurs de l’étude ont pu voir qu’au cours des deux périodes étudiées, la plupart des personnes touchées par la dépression n’étaient pas sous antidépresseurs, tandis que celles qui prenaient des antidépresseurs ne souffraient pas de dépression.

Amélioration du traitement de la dépression et surprescription

Comment expliquer cette forte augmentation du nombre de personnes de plus de 65 ans sous traitement antidépresseur ? "Cela pourrait être dû à l'amélioration de la reconnaissance et du traitement de la dépression, à la surprescription ou à l'utilisation d'antidépresseurs pour d'autres affections", avance le professeur Antony Arthur, de l'École des sciences de la santé de l'UEA et principal auteur de ces travaux.

"Quelle qu'en soit l'explication, l'augmentation substantielle de la prescription de médicaments n'a pas réduit la prévalence de la dépression chez les plus de 65 ans. Les causes de la dépression chez les personnes âgées, les facteurs qui la perpétuent et les meilleurs moyens de la gérer demeurent mal compris et méritent plus d'attention", reconnaît-il.

Les symptômes de la dépression

Touchant 15 à 20% des Français au cours de leur vie (soit près de 9 millions de personnes), la dépression est l’une des maladies psychiques les plus fréquentes. Chez les personnes âgées, les symptômes sont semblables à ceux que l’on peut trouver chez des sujets plus jeunes. Caractérisée par l’apparition d’une tristesse quasi-permanente, la dépression peut aussi se manifester par un ralentissement psychomoteur et intellectuel, une perte du plaisir et de l’appétit, des troubles du sommeil, une fatigue intense et une perte d’intérêt pour les activités du quotidien.

Chez les personnes âgées, cependant, le diagnostic de la dépression peut être plus difficile car les symptômes les plus fréquents peuvent être masqués par un ralentissement psychomoteur lié à l’âge ou par des troubles neurologiques. D’où la nécessité de consulter afin de diagnostiquer tôt la maladie.