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Pas de cerveau "hyper-masculin"

Autisme : la testostérone n’affecte pas la capacité d’empathie

Par Johanna Hébert

Les médecins savent depuis longtemps que l’autisme est beaucoup plus répandu chez les hommes que chez les femmes. En revanche, ils ne savent pas encore pourquoi. Le lien entre testostérone et autisme, longtemps envisagé, ne serait pas établi. 

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Mutation génétique, forts niveaux d’oestrogènes pendant la grossesse, … D’études en études, la communauté scientifique a évoqué, ces dernières années, de nombreuses causes possibles à l’autisme. Une chose est sûre: les garçons sont plus touchés que les filles. Mais le "pourquoi" n’a pas encore été bien compris.

Lorsque une maladie affecte plus les hommes, la testostérone constitue l’un des principaux suspects. Mais une étude, publiée dans la revue Proceedings, n’établie pas de lien entre cette hormone et l’empathie cognitive. Cette capacité à lire et comprendre les émotions des autres est altérée chez les personnes atteintes d’autisme.

643 participants pour la plus grande étude du genre

"Plusieurs études antérieures ont suggéré un lien entre la testostérone et une empathie cognitive réduite, mais les échantillons étaient très petits et il était très difficile de déterminer un lien direct", déclare Amos Nadler, auteur principal de l’étude et chercheur à la Western University (Ontario, Canada). Pour ces travaux, 643 hommes ont participé à deux études contrôlées randomisées. Il s’agit là de la plus grande étude du genre. "Nos résultats montrent sans équivoque qu’il n’y a pas de relation de cause à effet linéaire entre l’exposition à la testostérone et l’empathie cognitive."

Les résultats contredisent la théorie du cerveau "hyper-masculin"

En 2011, une étude avait montré que l’administration de testostérone à des femmes enceintes en bonne santé réduisait leurs performances à un test de lecture des émotions. Ainsi, les chercheurs de l’époque affirmaient que l’exposition prénatale à cette hormone créait un cerveau "hyper-masculin", ce qui altérait, plus tard, la capacité d’empathie de l’enfant. Cette hypothèse est devenue, par la suite, l’une des principales causes attribuées à l’autisme. Cependant, seulement 16 personnes avaient participé à l’étude.

La testostérone n’a pas eu d’effet réel sur l’empathie

Pour l’étude d’Amos Nadler, 643 hommes en bonne santé ont reçu une application de testostérone en gel ou un placebo. Ils ont ensuite dû répondre à des questionnaires et effectuer certaines tâches pour permettre aux chercheurs de mesurer leur empathie cognitive. Ainsi, l’équipe scientifique n’a pas du tout trouvé de lien entre l’administration de testostérone et l’incidence sur l’empathie cognitive. Même si l’étude de 2011 n’incluait que des femmes et la présente étude des hommes, les chercheurs affirment que si la testostérone avait un effet réel, ils auraient perçu une différence.