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Protestations

Crise des urgences : nouveaux arrêts maladie des soignants de Saint-Antoine

Par la rédaction avec Virginie Galle

Après Lariboisière, des soignants des urgences de Saint-Antoine sont aussi en arrêt maladie pour protester contre leurs conditions de travail.

gorodenkoff / istock.

La crise des urgences continue, malgré les annonces de la ministre de la Santé. En arrêt-maladie, entre 13 et 15 soignants n'ont pas pris leur poste samedi soir à l’hôpital parisien Saint-Antoine.

D’après le collectif Inter-Urgences, "15 paramédicaux sur 19, épuisés par leurs conditions de travail, n'ont pas pu prendre leur poste" et "trois paramédicaux de l'équipe de jour ont dû rester pour continuer de prendre en charge les patients", oeuvrant ainsi "18 heures d'affilée" en attendant "la relève de l'équipe du lendemain". "La direction dit avoir le droit de les obliger à travailler 18 heures durant", dénonce l’organisation, l’accusant "d'inconscience" et de mettre en "danger son personnel et les patients".

Inédit

L'AP-HP, dont dépend l’hôpital Saint Antoine, parle de son côté de volontariat. "Il a été demandé à une partie de l'équipe du service d'accueil des urgences de l'après-midi, sur la base du volontariat, de se mobiliser pour assurer la continuité des soins. Il a également été fait appel à l'équipe de suppléance et à l'intérim", précise l’institution.  

D’habitude, les soignants protestent contre leurs conditions de travaillent en se mettant en grève, mais continuent de travailler avec un simple brassard portant la mention de leur revendication. Mais face une réaction des pouvoirs publics jugée inexistante, les personnels des urgences ont durci leur mouvement en se mettant en arrêt maladie, comme se fut notamment le cas la semaine dernière à Lariboisière ou à Lons-le-Saunier.

"Ce qui s'est passé aux urgences de Lariboisière est assez inédit, en général les soignants en grève viennent soigner avec un brassard pour assurer la continuité des soins, là ils se sont mis en arrêt maladie, c'est dévoyer ce qu'est un arrêt maladie", estimait jeudi dernier la ministre de la Santé Agnès Buzyn. "Je pense que ce n'est pas bien, ça entraîne une surcharge de travail pour les autres. Nous l'avons vu à Lons-le-Saunier, ce sont les ambulanciers, ce sont les pompiers, ce sont les médecins libéraux qui ont pris en charge tous les patients. En faisant cela on accroit la fatigue des autres", critiquait-elle, reconnaissant tout de même "une très grosse fatigue des personnels aux urgences".

Augmentation des effectifs

Les soignants réclament l’arrêt des fermetures de lits, une hausse des rémunérations de 300 euros net et une augmentation des effectifs. Dans tout le pays, une cinquantaine de services d’urgences sont également touchés par un mouvement de grève avec les mêmes revendications. 

Une mission de refondation des services d’urgences a été confiée au député Thomas Mesnier et au président du Conseil National de l’Urgence Hospitalière, le Pr. Pierre Carli. Ils ont jusqu’à l’automne 2019 pour remettre leur rapport au ministère de la Santé. D’après un communiqué de ce dernier, le but est triple : il s’agit d’abord de faire un état des lieux de la situation, puis de mesurer quels vont être les effets des réformes menées actuellement et enfin, de déterminer quelles sont les autres mesures à prendre pour s’améliorer davantage. 

En parallèle, la ministre a indiqué qu’elle allait mobiliser les Agences régionales de Santé (ARS) pour mener des travaux de rénovation architecturale dans les services d'urgences afin d'améliorer l’accueil des patients. Le personnel paramédical a aujourd’hui droit à une prime de risque sous certaines conditions. Agnès Buzyn a déclaré vouloir l’homogénéiser afin de prendre en compte les conditions de travail difficiles et les possibles agressions subies par les soignants. La dernière mesure concerne la prime de coopération, qui sera accordée aux professionnels de santé ayant recours à la délégation de compétences pour réduire l’attente aux urgences.