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Environnement

Autisme : comment la pollution agit sur le cerveau du foetus

Par Bruno Martrette

Les zones à haut niveau de pollution verraient deux fois plus de naissances d'enfants autistes. La pollution affecte le cerveau de l'enfant in utero.

SUPERSTOCK/SIPA

Autisme et pollution seraient-ils liés ? C'est en tout cas ce que suggèrent des chercheurs américains dans une étude publiée ce mardi 18 juin dans la revue Environmental Health Perspectives. D'après leurs observations, les zones à fort niveau de pollution verraient plus de naissances d'enfants autistes, comparé aux zones les moins pollués.  

 

Les scientifiques de la faculté de santé publique de Harvard, ont examiné les données d’une étude entamée en 1989 et menée sur le long terme. Sur un échantillon de plus de 116 000 femmes, ils en ont suivi environ 325 ayant eu un enfant autiste et 22 000 autres, dont l’enfant ne souffrait d’aucun trouble du comportement.
lls ont analysé ensuite  la qualité de l’air des différents lieux des naissances tout en prenant en compte d'autres facteurs tels que le tabagisme, le revenu ou encore le niveau de formation de la mère. Les résultats de l’étude ont ainsi révélé que dans les zones les plus polluées il y avait eu 2 fois plus de naissances d'enfants autistes que dans les zones les moins polluées. Les chercheurs rappellent que « les particules fines présentes dans ces zones affectent le développement des fonctions cérébrales  de l’enfant à naître ». 

Cependant, les auteurs tempèrent les résultats obtenus en affirmant que d'autres études seront nécessaires pour démontrer le lien de causalité entre pollution et autisme. Ils rappellent ainsi que leurs données sont transversales et qu'il s'agit uniquement d'une photo des naissances dans certaines zones sur une période observée.
Comme  l'explique le Dr Isabella Annesi-Maesano, épidémiologiste et directeur de recherche à l'Inserm, des précédentes études ont déjà démontré les dangers de la pollution sur le cerveau de l'enfant in utero. Ces mécanismes ont notamment été demontrés chez les animaux.


Ecoutez le Dr Isabella Annesi-Maesano,
épidémiologiste et directeur de recherche à l'Inserm« Les particules ultrafines qui font partie de la pollution empêchent le développement neuromoteur chez certains animaux. Elles provoquent des problèmes de coordination de déficit et une réduction des activités de la vie normale. »


Une équipe de l'Inserm a aussi résussi à démontrer que la pollution affectait également le système immunitaire des foetus pendant la grossesse d'une mère. Ce dernier est très lié au développement du cerveau. 


Ecoutez le Dr Isabella Annesi-Maesano: 
« Il y a un développement parallèle chez l'enfant entre son système immunitaire et son système central nerveux ».



Enfin, la pollution atmosphérique fait encourir également d'autres risques aux enfants in utero, en dehors de ceux touchant au cerveau. Une étude menée de 1990 à la fin de la décennie 2000 sur 3 millions de naissances avait révélé en début d'année 2013 que plus la femme enceinte est exposée aux polluants et aux gaz d’échappement, plus le risque d’avoir un bébé de faible poids est important. Et, ce constat est là encore préoccupant car avec un poids de bébé inférieur à 2,5 kilos à la naissance, les risques de maladies et de mortalités périnatales sont augmentés ainsi que les problèmes de santé chronique au cours de la vie.