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Médicaments mal conditionnés

Furosémide : le laboratoire Teva privilégie la piste humaine

Par Bruno Martrette

Le patron de Teva France, laboratoire qui fait l'objet d'une enquête sur le mauvais conditionnement de boîtes du diurétique Furosémide, indique ce vendredi suivre désormais la piste humaine.

LYDIE/SIPA

« On sait que du côté technique et industriel il n'y a pas de problème. Maintenant on va suivre la piste humaine », a déclaré ce vendredi 14 juin sur RTL Erick Roche, patron de la filiale française du groupe pharmaceutique Teva. En effet, aucun manquement majeur, n'a été détecté par les quatre inspecteurs de l'Agence du médicament (Ansm), au terme des deux jours d'investigation dans l'usine de Sens (Yonne) des laboratoires Teva. Pour percer le mystère de l’erreur de conditionnement des boîtes de diurétique Furosémide qui pourrait être liée à trois décès et deux hospitalisations, il faut donc chercher les responsabilités ailleurs. 


L'erreur humaine ou la malveillance font donc officiellement partie des hypothèses. François Chast, chef du service de pharmacie clinique à l'hôpital Cochin-Hôtel Dieu, à Paris, fut un des premiers à évoquer la malveillance.« Il n'est pas possible qu'au sein d'un lot il y ait des comprimés qui soient tantôt bon tantôt mauvais, avait-il déclaré en début de semaine. Ces élements traduisent qu'à un moment, c'est une main humaine qui a fait ce qu'il ne fallait pas faire »


Cependant, pour l'heure, le groupe « ne porte pas plainte ». Et le patron de rajouter, « nous comptons beaucoup sur les gendarmes qui ont été saisis pour nous aider à comprendre ce qui s'est passé ». Car, dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris, des gendarmes ont effectué, jeudi 13 juin, une perquisition des locaux de Teva à Sens. L'Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique) a mené cette inspection avec les gendarmes de la section de recherche de Dijon (Côte-d'Or) et de la brigade de recherche de Sens. L'enquête est ouverte « pour tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires, mise en danger de la vie d'autrui et administration de substance nuisible ».

Par ailleurs, Erick Roche a tenu une nouvelle fois à rassurer : « Toutes les boîtes que nous récupérons sont ouvertes sous contrôle d'huissier, a-t-il déclaré. Aujourd'hui, vendredi 14 juin, on a ouvert plusieurs centaines de boîtes mais nous n'avons pas trouvé encore de comprimés de Zopiclone dans une boîte de Furosémide ».

 

Dans le même temps, le parquet de Toulouse a ouvert jeudi une nouvelle enquête préliminaire à la suite du décès d'un homme qui prenait du Furosémide. L'homme, âgé de 47 ans, a été retrouvé mort à son domicile. Le procureur de Toulouse, Michel Valet, s'est toutefois montré très prudent sur un éventuel lien entre le décès de cet homme et le problème de conditionnement. « On a un décès qui est lié à un problème de santé. Comme parmi les boîtes de médicament en possession de l'intéressé il y avait le médicament qui fait beaucoup parler actuellement, on vérifie tout », a déclaré le procureur. Une autopsie et une expertise toxicologique vont être menées  « pour lever le doute ». Il s'agit de la quatrième enquête préliminaire ouverte depuis le week-end dernier à la suite du décès suspect d'une personne prenant du Furosémide.