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Espoir

Alcoolisme : des rats guéris de leur addiction grâce à des lasers

Par Raphaëlle de Tappie

Des scientifiques américains ont réussi à neutraliser la dépendance à l'alcool et les effets secondaires du sevrage chez des rats malades grâce à des rayons lasers. 

AlexPro9500/iStock

L’alcoolisme tue chaque année 3,3 millions de personnes dans le monde. Malheureusement, il n’existe à l’heure actuelle que très peu de médicaments efficaces pour traiter cette maladie. Une nouvelle étude pourrait cependant bientôt changer la donne. En effet, des scientifiques américains assurent avoir réussi à renverser la dépendance à l’alcool sur des rats grâce à des lasers, selon leurs travaux publiés le 18 mars dans la revue Nature Communications.

Au cours de leurs recherches, des scientifiques du Scripps Research Institute (Etats-Unis) ont utilisé des lasers sur des rats pour désactiver leurs neurones impliqués dans la dépendance alcoolique et les symptômes de manque. Cela a non seulement réduit leur désir de boire mais également les manifestations physiques du sevrage telles que le tremblement. En éteignant les lasers en revanche, l’addiction revenait immédiatement, précise l’étude.

"Cette recherche identifie une population neuronale spécifique dans une région très profonde du cerveau qui est activée quand l’alcool disparait et qui contrôle la consommation d’alcool chez des rongeurs dépendants", explique Olivier George, professeur au Scripps au site Digital Trend. "Ce qui est vraiment excitant à propos de ces résultats, c’est que nous avons été en mesure de contrôler l’envie de boire de l’alcool chez des individus très dépendants en basculant un commutateur", poursuit-il. "En implantant des fibres optiques profondément dans le cerveau et en activant un laser inhibant spécifiquement ces neurones, nous pourrions réduire considérablement la consommation d’alcool et les symptômes physiques du sevrage", s’enthousiasme l’étude.

Encore des années avant la commercialisation d’un produit efficace pour les humains

Grâce à l’identification de ces neurones, la science pourrait mettre au point de nouveaux traitements plus efficaces pour combattre l’alcoolisme. Toutefois, on est encore loin de la commercialisation d’un produit utilisable pour les humains. "Ce travail nécessite l’utilisation de technologies de pointes qui ne sont pas encore autorisées à être utilisées sur les humains donc cela prendra peut-être 15 à 30 ans avant de voir des alcooliques avec des implants du cerveau qui pourraient les aider à contrôler leur manque", admet ainsi Olivier George.

En février, des chercheurs américains avaient déjà réussi à identifier un gène qui pourrait servir à développer un nouveau traitement contre l’alcoolisme. En travaillant sur des souris, une équipe de scientifiques de l’Oregon Health & Science University a ainsi découvert que quand elle augmentait les niveaux d’un certain gène encodé du nom de GPR39 chez les animaux, cela réduisait leur consommation d’alcool de 50%.

Aujourd'hui, il y a très peu de traitements officiellement approuvés pour traiter l’alcoolisme. En France, où 10% des personnes seraient en difficulté avec l'alcool selon l'Inserm, les malades sont le plus souvent traités par baclofène. Pourtant, en plus des études affirmant que ce médicament est inefficace, de nombreux patients traités à hautes doses se sont plaints de ses lourds effets secondaires (vertiges, nausées, insomnies et angoisses...). En 2017, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait ainsi publié une étude aboutissant à un profil de sécurité "préoccupant" du baclofène quand celui-ci est utilisé à fortes doses chez les alcooliques.