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Tabagisme

Grossesse : une seule cigarette par jour double le risque de mort subite du nourrisson

Par Charlotte Arce

Quand on est enceinte, allumer une cigarette n’a rien d’un geste anodin. Selon une nouvelle étude, fumer pendant la grossesse double le risque de mort subite du nourrisson et ce, même en ne consommant qu’une seule cigarette par jour.

Highwaystarz-Photography/iStock

Quand on fume depuis plusieurs années et que l’on tombe enceinte, il est parfois très difficile d’arrêter totalement la cigarette. Faisant le choix du compromis, nombreuses sont celles à réduire leur consommation sans pour autant réussir à la stopper totalement.

Pourtant, même à de faibles quantités, le tabac a des effets sur la santé du futur bébé. Une nouvelle étude publiée dans la revue Pediatrics l’atteste. Selon ses auteurs, rattachés au Seattle Children's Research Institute, le fait de fumer pendant la grossesse, même une seule cigarette par jour, double le risque de mort subite du nourrisson (MSN). Pour les femmes fumant en moyenne 1 à 20 cigarettes par jour, le risque de MSN augmente de 7% à chaque cigarette fumée.

Arrêter de fumer avant même de tomber enceinte

Pour mieux établir le lien entre tabagisme pendant la grossesse et mort subite du nourrisson, les chercheurs ont analysé les habitudes de tabagisme maternel pour toutes les naissances vivantes aux États-Unis de 2007 à 2011

Sur les quelques 20 millions de naissances vivantes en quatre ans, 19 000 décès ont été imputés à la mort subite du nourrisson dans l’année qui ont suivi la naissance. Au-delà de la consommation globale de cigarettes, les chercheurs se sont également penchés sur la façon dont le tabagisme avant la grossesse et la réduction ou l'abandon pendant la grossesse influent sur le risque de mort subite du nourrisson.

Comparativement à plus de la moitié des fumeuses enceintes qui n'ont pas réduit leur consommation de tabac pendant la grossesse, les femmes qui ont réduit la leur au troisième trimestre ont constaté une diminution de 12% du risque de MSN. Le fait d'avoir réussi à cesser de fumer était associé à une réduction de 23% de ce risque. Leur analyse a également montré que les mères qui fumaient trois mois avant la grossesse et qui ont cessé de fumer au cours du premier trimestre présentaient toujours un risque plus élevé de MSN que les non-fumeuses.

Mieux informer et accompagner les femmes enceintes

Pour la Dre Tatiana Anderson, chercheuse au Seattle Children's Research Institute, ces données sont importantes car elles montrent qu’il est indispensable de mieux informer les femmes enceintes sur les risques qu’elles prennent lorsqu’elles fument, mais aussi de les aider à arrêter avant même d’envisager d’avoir un enfant.

"Grâce à ces informations, les médecins peuvent mieux conseiller les femmes enceintes sur leurs habitudes tabagiques, sachant que le nombre de cigarettes fumées quotidiennement pendant la grossesse a un impact significatif sur le risque de mort subite du nourrisson", explique-t-elle. "Semblables aux campagnes de santé publique qui ont sensibilisé les parents à l'importance de la position de sommeil du bébé, entraînant une diminution de 50% des taux de syndrome de mort subite du nourrisson, nous espérons que le fait de conseiller les femmes réduira le nombre de décès dus à ces causes tragiques."

"Le plus important pour les femmes est de comprendre que cesser de fumer avant et pendant la grossesse entraîne de loin la plus grande réduction du risque de mort subite du nourrisson", poursuit la chercheuse. "Pour les femmes enceintes incapables d'arrêter complètement, chaque cigarette qu'elles peuvent éliminer réduira le risque que leur enfant meure subitement et inopinément de MSN."

Selon le Dre Anderson et ses collègues, si aucune femme ne fumait pendant la grossesse, près de 800 des quelques 3 700 décès dus au syndrome de mort subite du nourrisson chaque année aux États-Unis pourraient être évités, ce qui réduirait les taux actuels de ce phénomène de 22%.