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Nuits blanches

Sommeil : alterner entre petites nuits en semaine et grasses matinées le week end est mauvais pour la santé

Par Justine Ferrari

Vous pensiez que le week-end à somnoler sur votre canapé suffisait pour vous remettre d’une semaine à négliger votre sommeil ? Et bien détrompez-vous : alterner entre retard de sommeil et grasses matinées n’est pas bon pour la santé.

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Peu importe le temps de repos que vous avez pris le week-end, cela ne compensera pas la dette de sommeil accumulée lors de votre semaine de travail… Voilà la conclusion d’une étude menée par des chercheurs de l’Université du Colorado, à Boulder. Leurs travaux ont été publiés dans Current Biology et démontrent qu’une grasse matinée hebdomadaire n’est pas une solution adéquate contre les dégâts causés par des nuits de sommeil perdues en semaine. Le plus frustrant dans tout ça ? Dormir trop pendant votre temps libre peut en réalité aggraver la situation, si vous reprenez vos habitudes de privation de sommeil dès le début de la semaine suivante. On vous explique pourquoi.

Manque de sommeil : des risques sous-estimés

"Nos résultats suggèrent que le comportement habituel consistant à se priver de sommeil au cours de la semaine et à tenter de la compenser le week-end n'est pas une stratégie de santé efficace", a déclaré dans un communiqué Kenneth Wright, directeur du laboratoire UC Boulder's Sleep et Chronobiology. En effet, il est de notoriété publique que faire de trop courtes nuits est mauvais pour notre santé, mais on ne sait pas forcément quels sont les risques réels. Pourtant il a été prouvé que le manque de sommeil est lié à l'obésité et au diabète. La recherche suggère également que cela augmente les envies de fumer, diminue la sensibilité à l'insuline et nuit à notre capacité de réguler le sucre. D’autres études associent le manque de sommeil à la dépression, à la neurodégénérescence et à la maladie d’Alzheimer. Il semble que même une nuit de sommeil agitée puisse suffire à affecter les gènes qui contrôlent la fonction métabolique.

Afin de déterminer les effets néfastes de notre manque de sommeil sur notre santé, le docteur Wright et ses collègues ont mené une étude sur 36 adultes en bonne santé âgés de 18 à 39 ans et ont surveillé leur sommeil pendant neuf nuits. Le groupe a été divisé en trois sous-groupes : un groupe autorisé à dormir neuf heures par nuit, un autre maximum cinq heures par nuit et un troisième qui alterne les deux : cinq heures par nuit pendant cinq nuits, puis autant qu’ils le souhaitent pendant deux nuits, suivis de deux nouvelles nuits de sommeil restreint.

"Alterner nuits courtes et grasses matinées et particulièrement perturbant"

Résultat ? L’équipe a noté une augmentation des grignotages, une prise de poids et une sensibilité réduite à l’insuline dans les deux groupes privés de sommeil. Ceux qui avaient droit à deux jours de grasse-matinée ont noté des signes d'amélioration pendant ces deux jours, mais tous les avantages ont disparu dès que le sommeil limité a repris. De plus, ce groupe-là a finalement montré de pires résultats sur la mesure de la sensibilité à l'insuline à la fin de l'étude : le groupe limité à cinq heures de sommeil a enregistré une baisse de 13% de la sensibilité à l'insuline totale du corps, alors que ceux qui alternaient ont enregistré des baisses comprises entre 9 et 27%, la sensibilité du foie et des muscles étant particulièrement faible.

"Au final, nous n'avons constaté aucun bénéfice métabolique chez les personnes ayant dormi le week-end", a déclaré Chris Depner, auteur principal de l’étude. "Nous pensons que changer tous les week-end notre heure du coucher et du dîner pour ensuite revenir à une privation de sommeil est particulièrement perturbant", conclu le docteur Wright.