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E-santé : les Français disent oui, mais pas sans préoccupations

Par Mathilde Debry

Téléconsultations, applications... le recours à l’e-santé est largement plébiscité par les Français, mais suscite aussi des inquiétudes. 

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Selon une nouvelle enquête (1), le recours à l’e-santé est largement plébiscité, mais suscite aussi des inquiétudes, notamment chez les personnes âgées. A la question "êtes-vous a priori favorables au développement de l’e-santé ?", 76% des associations de patients interrogées répondent "oui".

Les trois quarts (77%) estiment que l’e-santé est une solution efficace pour lutter contre les déserts médicaux. Pour 57% d’entre elles, le recours à la téléconsultation pourrait notamment permettre un meilleur accès aux soins et pallier le manque de médecins dans certaines spécialités. Les associations sont aussi une majorité à penser que l’e-santé peut avoir un impact positif sur la prévention, sur le suivi et l’adhésion au traitement (62%), sur le niveau et la qualité de l’information (65%) et sur l’hygiène de vie (72%).

Manque de connaissance

Toutefois, 16% des répondants ne savent pas comment se positionner vis-à-vis de l’e-santé, probablement en raison d’un manque de connaissance ou d’information sur le sujet. Pour l’OMS, l’e-santé se définit comme "les services du numérique au service du bien-être de la personne" et "l’utilisation des outils de production, de transmission, de gestion et de partage d’informations numérisées au bénéfice des pratiques tant médicales que médico-sociales". Elle ne se résume pas à la télémédecine et doit être assimilée au vaste ensemble des applications numériques d’offre de soins.

Si près d’une association sur deux pense que cette approche n’aura aucun impact sur la confidentialité des informations échangées, 21% estiment que cela aura des répercussions défavorable. Par ailleurs, 20% des associations dont les adhérents sont majoritairement âgés (plus de 65 ans) craignent une dégradation du niveau et de la qualité de l’information (contre moins de 9% des associations pour les autres classes d’âges).

Inégalités

La majorité des associations (72%) pense aussi que le recours croissant à l’e-santé risque de créer des inégalités en raison d’une absence d’équipement (73%) ou par manque de maîtrise de l’outil numérique (85%). Encore une fois, ces craintes sont plus importantes chez les plus âgés. Pour Françoise Benon, présidente de la Fédération nationale France-AVC : "ces inégalités viendraient du fait que certaines personnes, notamment les plus âgées en majorité, n’ont pas forcément un ordinateur ou un smartphone".

Des inquiétudes se font également sentir à propos de la relation médecins - patients. Ainsi, même si près de la moitié des associations attendent une amélioration de cette relation, une sur cinq (20%) craint une détérioration. "Pour les malades, la qualité de la relation avec son médecin est très liée à l’écoute, à la disponibilité tout autant qu’à l’efficacité de la prise en charge. Si l'e-santé, sous certains aspects, peut largement améliorer la qualité de cette relation, il est difficile de savoir pour l’instant si elle aura, ou a déjà, un impact positif sur celle-ci", explique Anne Buisson, Directrice adjointe de l’association François Aupetit (Afa Crohn RCH).

Ces préoccupations sont aussi partagées par les médecins

Pour finir, notons que ces préoccupations sont aussi partagées par les médecins. 52% (2) pensent que la proximité et la confiance entre médecins et patients risquent de se détériorer dans les années à venir, pointant notamment le risque de "distanciation" voire de "déshumanisation" de la médecine.

"Les médecins sont plus inquiets que les patients là-dessus, contrairement à ce que l’on pensait. Trois types de craintes existent chez les médecins : le risque de diagnostic moins précis, le manque de confiance des patients dans le diagnostic du soignant, et l’augmentation des inégalités territoriales ou sociales liée à un moindre accès au numérique", conclut Aurélien Preud’homme, directeur d'étude chez Viavoice.

1)   Résultats de l'enquête du laboratoire Pfizer "L'e-santé vue par les patients : risque ou opportunité ?" menée auprès de près de 300 associations de patients.
2)    Selon une étude réalisée par l’observatoire de la santé du futur du Groupe VYV.