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Malaise sous-estimé

La dépression post-natale d'un père affecte sa fille à l'âge adulte

Par Raphaëlle de Tappie

Près d'un homme sur vingt souffrirait de dépression après la naissance de son enfant. S'il s'agit d'une fille, elle en sera très probablement affectée à son arrivée à l'âge adulte. 

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Après l’accouchement, 10 à 15% des mères souffrent d’une dépression. Si ce phénomène est bien connu, qu’en est-il des pères ? Comment se sentent-ils après la naissance de leur enfant ? D’après une étude britannique parue dans la revue JAMA Psychiatry, les jeunes mamans ne seraient pas les seules à être mentalement impactées puisque près d’un père sur 20 souffrirait d’une dépression après l’arrivée d’un bébé. Si ce dernier est une fille, elle en sera alors probablement affectée à l’arrivée à l’âge adulte.

Pour en arriver à ces conclusions, des chercheurs de l’Université de Cambridge se sont servi d’une étude menée depuis 1991 sur 3000 familles vivant à Bristol aux Royaume-Uni. Des résultats précédents avaient déjà identifié des dépressions post-partum chez les pères mais, pour la première fois, les scientifiques ont ici remarqué que les filles des hommes affectés avaient plus de risques d’expérimenter elles-aussi une dépression à l’âge de 18 ans.  

Pourquoi ? La dépression post-natale des pères peut aggraver celle des mères, créer des tensions et des conflits dans la famille, affectant ainsi par ricochet les enfants, explique l’étude, remarquant toutefois que les fils sont complètement épargnés par ce phénomène. Les filles en seraient affectées de par la complexité de leur relation avec leur père à l’adolescence, avancent les chercheurs.

Personne ne demande jamais aux pères comment ils se sentent après la naissance de leur enfant

"Les découvertes de cette étude montrent à quel point il est important d’apporter des aides professionnelles appropriés aux pères et aux mères qui pourraient expérimenter une dépression", conclut le Professeur Paul Ramchandani de la Faculté d’Education de l’Université de Cambridge, responsable de ces recherches et auteur principal du papier.

"La dépression post-natale chez le père impacte toute la famille quand elle n’est pas prise en charge, ce qui est souvent lié au fait que les pères ne savent pas gérer leur douleur, évitant de se confronter au problème et étant très souvent en colère. D’après l’expérience que j’ai acquise en travaillant avec des familles, c’est souvent seulement les pères qui souffrent en silence mais malheureusement on leur demande très peu comment ils se sentent après être devenus parents", renchérit Mark Williams fondateur du groupe et site internet Fathers Reaching Out.

Anxiété et détresse

En 2017, une étude écossaise menée par l’Université d’Edimbourg s’était déjà intéressée à la dépression post-natale des hommes. Si ces travaux mettaient en avant les effets bénéfiques de la paternité sur la santé des nouveaux pères, ils avaient remarqué des risques de détresse, d’anxiété et de dépression. Se basant sur 63 questions posées à 101 hommes, les scientifiques avaient observé que 12% des pères interrogés étaient susceptibles d’avoir développé une dépression après la naissance de leur enfant ou dans les trois à six mois ayant suivi. Le plus souvent, le choc est plus radical après la naissance du premier bébé. Le père n’étant pas suffisamment préparé psychologiquement à la nouvelle vie qui l’attend, il a tendance à se sentir perdu et effrayé.

Chez les femmes, le diagnostic de la dépression post-partum (à ne pas confondre avec le baby blues, bouleversement hormonal qui affecte quasiment toutes les femmes et passe au bout de quelques jours), repose sur les critères d’un épisode dépressif majeur, avec comme spécificité une apparition des symptômes dans les 4 ou 6 semaines suivant l’accouchement. Le plus souvent, la maman a du mal à s’endormir, à se concentrer, se montre irritable, anxieuse et fatiguée en permanence, ce qui bien évidemment a des répercussions négatives sur sa relation avec son bébé.