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Ondansétron

Grossesse : la prise d’un anti-nausée au premier trimestre augmente le risque de fente palatine

Par Charlotte Arce

La prise d’anti-nausées courants comme l’Ondansétron au premier trimestre de grossesse est associée à une légère augmentation du risque de fente labio-palatine chez le nouveau-né.

DeanDrobot/iStock

Courantes lors des trois premiers mois de la grossesse, les nausées empoisonnent le quotidien de près de la moitié des femmes enceintes. Nombreuses sont alors celles à avoir recours à des anti-nausées (ou antiémétiques) comme l’Ondansétron, une molécule indiquée dans la prévention des nausées et vomissements aigus. En 2014, 22% des femmes enceintes aux États-Unis auraient consommé ce médicament au cours de leur grossesse.

Mais malgré sa prévalence, les données sur l'innocuité du médicament et ses effets sur le développement du fœtus étaient limitées, des études à petite échelle donnant des résultats contradictoires. De nouveaux travaux réalisés par des chercheurs du Brigham and Women's Hospital à Boston viennent combler ce manque. Dans un article publié en ligne sur JAMA, les scientifiques expliquent avoir analysé les données de plus de 88 000 grossesses au cours desquelles des femmes enceintes avaient pris de l'Ondansétron pendant leur premier trimestre. Leur intention : examiner le risque de malformations cardiaques ou de fentes buccales lié à la prise du médicament.

Pas de risque de malformation cardiaque

Dirigés par l’épidémiologiste Krista Huybrechts, les scientifiques ont mené une étude de cohorte rétrospective basée sur les données nationales de Medicaid Analytic eXtract (MAX), un ensemble de données comprenant plus de 1,8 million de grossesses entraînant des naissances vivantes entre 2000 et 2013 chez des femmes enceintes assurées par l'État. Les dossiers ont montré que 88 467 patientes s’étaient fait prescrire de l’Ondansétron au cours du premier trimestre, soit 4,9% des grossesses.

En analysant l’ensemble des données, l’équipe de chercheurs a découvert que l’Ondansétron n’augmentait pas le risque de malformation cardiaque : elle rapporte en effet un taux de 94,4 malformations cardiaques pour 10 000 naissances chez les grossesses exposées à l'Ondansétron, contre 84,4 pour 10 000 parmi les grossesses non exposées.

Un léger risque de fente labio-palatine

En revanche, les chercheurs ont constaté une augmentation des fentes labio-palatines. Autrefois appelée "bec-de-lièvre", la fente labio-palatine est un défaut de fusion de deux parties du visage qui affecte la lèvre au niveau du futur emplacement des incisives latérales, le palais et le voile. Apparaissant autour de la 6e semaine de grossesse, la fente palatine peut être partielle ou totale, unilatérale ou bilatérale. En France, on estime à un enfant né sur 750 touché par cette malformation. 

Les auteurs de l’étude se veulent toutefois rassurants puisqu’ils ont constaté un risque absolu de 14 cas pour 10 000 naissances parmi les grossesses exposées à l'Ondansétron, contre 11,1 cas pour les 10 000 naissances non-exposées.

L’équipe a également examiné les informations relatives aux malformations congénitales dans l’ensemble, sans trouver de risque accru chez les fœtus exposés au médicament au cours du premier trimestre. "Ces résultats suggèrent que l'Ondansétron n'augmente pas de manière significative le risque de malformations congénitales, bien qu'une légère augmentation du risque de fentes labio-palatines ne puisse être exclue", a déclaré la Pr Huybrechts. "Nous espérons que ces résultats rassureront les femmes enceintes qui ont des nausées et des vomissements pendant la grossesse et qui doivent faire un compromis risque-bénéfice en ce qui concerne le traitement."