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Congrès américain de cardiologie

Hypertension artérielle difficile à traiter : une nouvelle classe de médicaments

Par Camille Sabourin

Une nouvelle classe de médicaments, les BAPAI, ciblant une voie non-utilisée jusqu’à présent dans l’hypertension artérielle et éventuellement complémentaire de celles qui sont actuellement ciblées, est porteuse d’espoir pour les malades difficiles à traiter.

TanyaJoy/istock

Une nouvelle classe d’antihypertenseurs, celle des BAPAI, a obtenu sa validation au congrès américain de cardiologie, l’American Heart Association, à Chicago.

Cela faisait plus de 30 ans que l’on n’avait trouvé de nouvelle molécule dans le traitement de l’hypertension artérielle, une maladie fréquente où de nombreux malades ne sont pas aux objectifs définis par les consensus, et où de nouvelles associations thérapeutiques doivent être mises en place. En bloquant les aminopeptidases-A dans le cerveau, ce traitement peut être complémentaire des traitements actuels et améliorer le traitement des hypertensions artérielles difficiles à traiter.

De nombreux malades mal traités

Paradoxalement pour une maladie aussi fréquente et aussi bien connue, les besoins restent criants dans le traitement de l’hypertension artérielle : plus de 30% des malades restent difficiles à traiter et près de 50% d’entre eux ne sont pas aux objectifs, en dépit d’un traitement associant parfois 3 molécules.

L’obésité, la sensibilité au sel, certaines ethnies dont les voies impliquées dans l’hypertension ne sont pas les mêmes que d’habitude (activité rénine basse)…, compromettent l’efficacité des traitements actuels.

Une nouvelle cible dans le cerveau

Il existe un système rénine angiotensine dans le cerveau et une de ces fractions, l’angiotensine III, est l’un des peptides les plus puissant du tonus artériel.

Ce peptide contribue à augmenter la pression artérielle par trois mécanismes différents : augmentation de la concentration de vasopressine, augmentation de l'activité des neurones sympathiques associée à une vasoconstriction des vaisseaux, et inhibition baroréflexe.

Un inhibiteur des aminopeptidases A

Le firibastat est le premier inhibiteur des aminopeptidases-A cérébrales, et il inaugure la classe des BAPAI (Brain AminoPeptidase A Inhibition) avec un mécanisme d'action tout à fait original dans l'hypertension : il agit uniquement sur le cerveau et non sur les organes périphériques comme les autres anti-hypertenseurs classiques.

Cette petite molécule, administrée par voie orale sous forme de pro-drogue, est capable de pénétrer dans le cerveau et d’inhiber sélectivement l'aminopeptidase A cérébrale ce qui va bloquer la transformation de l’angiotensine II en angiotensine III et réduire la libération de vasopressine et l’activité sympathique, ainsi qu’améliorer la réponse baroréflexe.

Une étude de validation

New-Hope est une étude de phase II réalisée sur 218 malades hypertendus, dont nombre de malades à risque et au moins 50% de noirs et d’hispaniques, ethnies sous-représentées habituellement dans les études alors que les résistances au traitement y sont fréquentes. Elle a été menée avec une mesure automatisée de la pression artérielle, ce qui est désormais la méthode de référence.

A 8 semaines de traitement, on observe une diminution significative de la pression artérielle : la pression artérielle systolique a baissé de 9,7 mm Hg (p<0.0001) et la diastolique de 4,3 mm Hg (p<0.0001). Il s’agit, par ailleurs, d’une baisse cohérente quel que soit le type de malade et la race. La tolérance a été bonne, sans effets neuropsychiatriques, en particulier.

Il existe désormais une nouvelle voie thérapeutique dans l’hypertension, complémentaire des autres voies métaboliques utilisée par les traitements actuels. Il reste à en préciser les meilleures modalités d’association pour pouvoir mieux traiter les malades difficiles à traiter.

Interview de Fabrice Balavoine, Vice-President research and Development, Quantum Genomics