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Maladies cardiovasculaires

Hypertension et cholestérol : les traitements parviennent-ils à réduire la mortalité ?

La validité des traitements contre l'hypertension et le cholestérol sont souvent remis en cause par différents experts auto-proclamés. Il est donc intéressant de se pencher sur les données scientifiques dont on peut disposer pour faire le point.

Hypertension et cholestérol : les traitements parviennent-ils à réduire la mortalité ? Obencem /iStock




Faut-il réellement se traiter contre l'hypertension artérielle ou l'hypercholestérolémie ? Cette question est récurrente et la validité de leurs traitements est fréquemment remise en cause par différents experts auto-proclamés. C'est pour cela qu'il est intéressant de se pencher sur les données scientifiques dont on peut disposer.

Le très long suivi d'une étude ayant testé ces traitements dans un cadre validé confirme l’efficacité sur la mortalité cardiovasculaire d'une réduction de l’hypertension artérielle et du taux de cholestérol dans le sang. De plus, parmi les anti-hypertenseurs, il apparaît qu'un inhibiteur calcique réduit spécialement le risque de décès par AVC. De la même façon, l'analyse montre qu'une statine diminue particulièrement le risque de décès par maladie coronaire. On peut donc ajuster précisément le traitement en fonction du risque prédominant.

HTA et cholestérol : 2 facteurs de risque silencieux

L’hypertension artérielle (la pression artérielle normale est inférieure à 140-90 mmHg) est un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires (insuffisance coronaire, AVC, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque, anévrysme artériel, dissection aortique, arythmie, démence..)… Les professionnels l’appellent même la "tueuse silencieuse", complète le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue et présidente de la Fédération française de cardiologie, avant de poursuivre : "la maladie est le plus souvent silencieuse mais peut se manifester par un ensemble de symptômes non spécifiques : fatigue, maux de tête matinaux, vertiges, mouches dans les yeux, bourdonnements d’oreilles, palpitations, troubles de la concentration ou encore sensation de poitrine oppressée sont autant de signes de la maladie."

Il en est de même pour le cholestérol en excès dans le sang qui va progressivement boucher les artères "comme le tartre se dépose sur la paroi des tuyaux de plomberie quand il y a trop de calcaire dans l'eau". En cas d'hyperchoestérolémie, de véritables plaques d'athérosclérose se dépose sur la paroi interne de nos artères. Elles grossissent progressivement mais peuvent s'ulcérer et dans ce cas un caillot se forme et l'artère peut se boucher brutalement, conduisant à l'accident vasculaire au niveau d'une artère coronaire (infarctus), d'une artère du cerveau (accident vasculaire cérébral) ou d'une autre.

16 ans après le début du traitement

Chez les patients hypertendus, les effets à long terme sur la mortalité des différents régimes hypotenseurs et traitements hypolipidémiants ne sont pas bien documentés. Pour pallier cet état de fait, l'étude Anglo-Scandinavian Cardiac Outcomes Trial (ASCOT) a analysé la mortalité de patients britanniques 16 ans après le début de leur traitement dans cette étude.

Au départ, tous les patients recrutés dans le groupe traitement hypotenseur ont été assignés au hasard à un traitement à base d'amlodipine (inhibiteur calcique) ou d'aténololol (bêta-bloquant) pour abaisser la tension artérielle. Parmi ces patients, ceux qui avaient un taux de cholestérol total de 6 à 5 mmol/L ou moins (c'est-à-dire un taux modéré) et qui n'avaient jamais reçu de traitement hypolipidémiant ont eu un tirage au sort supplémentaire pour tester l'intérêt d'un traitement hypocholestérolémiant en plus. Il ont donc reçu, soit l'atorvastatine (statine), soit un placebo dans le cadre du bras hypolipidémiant. Une équipe de deux médecins a jugé toutes les causes de décès sans connaître dans quel groupe de traitement les malades avaient été tirés au sort. 

Les effets bénéfiques à long terme

Sur les 8 580 patients du Royaume-Uni participant à l'étude ASCOT, 3 282 (38 à 3%) sont décédés au bout de 16 ans, dont 1 640 (38,4%) des 4 275 patients traités par l'aténololol et 1 642 (38,1%) des 4305 patients traités par l'amlodipine. 1 668 des 4 605 patients du hypocholestérolémiant sont décédés, dont 903 (39,5%) des 2 288 patients ayant reçu le placebo et 865 (37,3%) des 2 217 patients ayant reçu l'atorvastatine. De tous les décès, 1 210 (36 à 9%) étaient de causes cardiovasculaires.

A 16 ans, il n'y a pas de différence globale de mortalité toutes causes confondues entre les 2 traitements hypotenseurs, bien que le nombre de décès dus à un AVC soit beaucoup plus bas dans le groupe traité par l'amlodipine que dans le groupe qui a reçu l'atenolol. Il n'y a pas d'interaction entre l'effet des traitements hypotenseurs et celui du traitement hypocholestérolémiant. Par contre, chez les malades traités par statine, le nombre de décès cardiovasculaires (et en particulier coronariens) a été significativement plus faible que chez les malades sous placebo.

Réduction avérée de la mortalité sous traitement

"Nos résultats montrent les effets bénéfiques à long terme sur la mortalité d'un traitement antihypertenseur à base d'inhibiteurs calciques et d'un traitement hypolipidémiant à base de statine. Les patients sous traitement à base d'amlodipine ont enregistré moins de décès par AVC et les patients sous atorvastatine moins de décès cardiovasculaires plus de 10 ans après la fin des essais", indiquent les chercheurs.

"Dans l'ensemble, l'étude ASCOT soutient l'idée que les interventions contre l'hypertension artérielle et l'hyercholestérolémie sont associées à des bénéfices à long terme sur les évènements cardiovasculaires", concluent-ils.

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