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Processus d'autophagie

Ebola : une nouvelle étude identifie la façon dont le virus entre dans les cellules

Par Charlotte Arce

Alors que la République démocratique du Congo connaît une nouvelle épidémie Ebola, une récente étude américaine vient d’identifier les mécanismes qu’utilise le virus pour infecter les cellules et se reproduire.

Motortion/iStock

C’est une nouvelle encourageante pour la recherche contre le virus Ebola : une nouvelle étude menée au Texas Biomedical Reasearch, aux États-Unis, vient de mettre en lumière le processus utilisé par le virus pour entrer dans les cellules. Cette découverte pourrait, à terme, permettre de bloquer les mécanismes de réplication du virus.

Publiés dans un supplément du Journal of Infectious Diseases, ces travaux ont été dirigés par Olena Shtanko au sein du laboratoire de biosécurité de niveau 4 de Texas Biomed (BSL4), une installation à haut niveau de confinement qui a permis de tester le virus.

Deux processus cellulaires qui interagissent

C’est dans ce laboratoire que l’équipe de chercheurs a découvert qu’Ebola se servait de l’autophagie des cellules pour se multiplier. L’autophagie (du grec "soi-même" et "manger"), est un mécanisme qu’utilisent les cellules pour détruire les substances étrangères envahissantes. Elles peuvent aussi l’activer pour consommer leurs propres organites et complexes protéiques afin de recycler les nutriments et de survivre. Généralement, l’autophagie a lieu à l’intérieur de la cellule. Mais dans le cadre des travaux in vitro utilisant le virus Ebola vivant, le Dr Shtanko a découvert que ce mécanisme avait aussi lieu près de la surface des cellules, ce qui facilite l’absorption du virus.

En effet, le virus Ebola a la particularité d’envahir les cellules par macropinocytose, un processus par lequel la surface de la cellule se remodèle pour former des extensions membranaires autour des virions (particules virales), puis se referme pour les amener à l'intérieur de la cellule. "Nous avons été stupéfaits de constater que le virus Ebola utilise des régulateurs d'autophagie à la surface de la cellule. Sachant que ces mécanismes fonctionnent ensemble, nous pouvons commencer à trouver des moyens de les réguler ", explique le Dr Shtanko.

Pour la chercheuse, la découverte de l’interaction entre ces deux processus cellulaires pourrait en effet changer la donne dans la recherche contre Ebola mais aussi permettre de combattre d’autres maladies causées par une macropinocytose dérégulée, comme le cancer et certaines maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer.

"Ce travail est un excellent exemple de sérendipité", s’enthousiasme le Pr Rob Davey, co-auteur de l'étude. "Peu auraient pensé que travailler sur le virus Ebola révélerait quelque chose de vraiment nouveau sur le fonctionnement des cellules."

Une nouvelle épidémie en RDC

Cette nouvelle découverte intervient alors que la République démocratique du Congo (RDC) fait face à une nouvelle épidémie d’Ebola dans la province du Nord-Kivu, au nord du pays. Depuis le 1er août, où le foyer épidémique a été déclaré près de la bourgade de Mangina, 9 personnes au moins sont décédées.

43 cas de fièvre hémorragique ont été signalés dans la région : 16 confirmés et 27 probables. 46 autres cas suspects sont en cours d’investigation, a détaillé le ministère de la Santé congolais mardi 7 août.

Pour enrayer l’épidémie, une campagne de vaccination contre Ebola débute ce mercredi 8 août à Mangina. Coordonnée par le ministère de la Santé, cette campagne bénéficie du soutien logistique de l’ONG Médecins sans Frontières. Selon le docteur Ndjoloko Tambwe Bathé, directeur général de la riposte contre cette épidémie dans cette zone, la vaccination devrait débuter par le personnel soignant et par tous ceux qui ont eu des contacts avec les malades.