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"On n'est pas couché"

Yann Moix victime d'un "burn-out" professionnel : ce syndrome fait-il toujours polémique ?

Par Mathilde Debry

Le chroniqueur controversé Yann Moix a avoué dans une interview accordée au Parisien avoir fait un "burn-out" professionnel lors de sa dernière année sur l'émission d'On n'est pas couché. Retour sur un syndrome au moins aussi polémique que ce célèbre patient.  

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Alors que la dernière émission d'On n'est pas couché avec Yann Moix a été diffusée sur France 2, le chroniqueur controversé a avoué dans une interview accordée au Parisien avoir fait un burn-out cette année, avant de tirer sa révérence.

Le journaliste du Parisien l'interrogeait pourtant sur un tout autre sujet, à savoir la production d’un documentaire sur le camps de migrants à Calais, pour lesquels il a pris fait et cause: "Je ne voulais pas faire ce film. Mais j’ai été bouleversé et dépassé par ce que j’ai vu. Je ne pouvais pas ne pas le faire. Les hommes politiques feignent de contrôler la situation de ce qui sera le sujet majeur du XXIe siècle. Quand Macron est venu à Calais, la ville a été nettoyée. Les migrants ne votent pas donc il s'en fiche. (...) Les migrants ont bouleversé mon existence. J’ai fait un burn-out. Mon corps m’a lâché et ma copine m’a quitté", lâche le chroniqueur.

12% de la population active pouvait être concernée par le burn-out

Mais ou en est-on de cette question médicale épineuse, et peut-il être dressé un état du syndrome d’épuisement professionnel, plus connu sous le nom de "burn-out", en milieu de travail ? De façon générale, il est constaté en France la multiplication par sept entre 2012 et 2016 du nombre de maladies professionnelles psychiques reconnues, nombre passé de 82 à 563 (source : Académie de médecine), mais le burn-out n’en fait toujours pas partie. Le terme, utilisé depuis les années 70, n'est référencé ni dans la Classification internationale des maladies de l'Organisation mondiale de la santé, ni dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. S’appuyant sur le cabinet Technologia, qui estime que 12% de la population active pouvait être concernée par le burn-out, le député LFI François Ruffin a défendu en vain, début février dernier, une proposition de loi visant à faire reconnaître le syndrome d’épuisement professionnel comme maladie professionnelle.

Pourtant, "le burn-out peut avoir des conséquences graves sur la vie des personnes et nécessite une prise en charge médicale", souligne la Haute Autorité de Santé, précisant que ce syndrome, de par ses manifestations diverses et transversales, peut être difficile à repérer. Il est "parfois diagnostiqué à tort ou confondu avec d’autres troubles psychiques" et ainsi traité de manière inadéquate. D’où la nécessité de recommandations afin d’aider les médecins traitants et les médecins du travail à diagnostiquer le burn-out, le prendre en charge de façon adaptée et accompagner le retour au travail.

Les manifestations du burn-out

Dans un premier temps, il s’agit de "repérer les manifestations du burn-out", alors même qu’elles peuvent différer d’un individu à l’autre, s’installer progressivement et ressembler à celles liées à d’autres troubles psychiques ou physiques. "Ces principaux symptômes sont aussi bien d’ordre émotionnel (anxiété, tristesse, hypersensibilité, absence d’émotion...), cognitif (troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration...), comportemental ou interpersonnel (isolement social, comportement agressif ou violent, diminution de l’empathie, comportements addictifs...), motivationnel (désengagement, remise en cause professionnelle, dévalorisation...) que physique (troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques, gastro-intestinaux...)", indique la HAS.

Les facteurs étiologiques du burn-out sont ceux des risques psycho-sociaux : exigences du travail, exigences émotionnelles, manque d’autonomie, manque de soutien social et de reconnaissance, conflits de valeur, insécurité de l’emploi et du travail. Entre aussi en cause les risques liés à la personnalité du sujet : des facteurs individuels peuvent être déterminants de vulnérabilité.