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Sclérose en plaques : la peinture et les vernis augmentent le risque

Par Charlotte Arce

Selon une nouvelle étude, les personnes exposées à la peinture, au vernis et à d'autres solvants sont 50% plus susceptibles de développer une sclérose en plaques que les personnes non-exposées. Ce risque augmente encore si elles sont porteuses du gène de la maladie.

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Alors que de nombreux travaux scientifiques se sont penchés ces dernières années sur les facteurs extérieurs pouvant déclencher cette maladie, une nouvelle étude met en lumière le lien causal entre l’exposition aux solvants et le risque de sclérose en plaques (SEP).

Le tabagisme accroît aussi les risques

Publiée mardi 3 juillet dans le numéro en ligne de Neurology, l’étude affirme que les personnes exposées à ces solvants organiques sont 50% plus susceptibles de développer une sclérose en plaques que les personnes non exposées. Ce risque augmente encore lorsque les personnes exposées sont porteuses des gènes de la SEP : elles sont alors sept fois plus susceptibles de développer la maladie que les personnes non-exposées aux solvants et non-porteuses des gènes de la SEP.

Autre facteur aggravant : le tabagisme. Selon les chercheurs, fumer accroît par trente le risque de développer une sclérose en plaques pour les personnes exposées aux solvants et porteuses des gènes de la maladie. Selon Anna Hedström, du Karolinska Institutet à Stockholm, en Suède, ce sont les combinaisons entre ces facteurs de risques qui sont probablement à l’origine du déclenchement de la maladie. "D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre comment ces facteurs interagissent pour créer ce risque", poursuit-elle. "Il est possible que l'exposition aux solvants et le tabagisme peuvent impliquer à la fois une inflammation des poumons et une irritation qui conduit à une réaction immunitaire dans les poumons."

Une combinaison de facteurs 

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune du système nerveux central. Elle est due à un dérèglement du système immunitaire, qui s’attaque au cerveau et aux fibres nerveuses en détruisant les gaines de myéline chargées de protéger les neurones. Peu à peu, les patients perdent l’usage de leurs membres, présentent des troubles de la vision, de la motricité et de la sensibilité.

Il s’agit d’une maladie multifactorielle, qui ne se déclenche pas autour d’une cause unique, mais est le résultat d’un "concours de circonstances", comme nous l’expliquait en mai le Pr Jérôme de Sèze, neurologue au CHRU de Strasbourg et spécialiste de la sclérose en plaques. C’est justement cette combinaison de facteurs déclenchants qu’a étudié l’équipe de chercheurs. Ils ont identifié 2 042 personnes qui avaient récemment reçu un diagnostic de SEP en Suède et les ont jumelées à 2 947 personnes du même âge et du même sexe, non-porteuses de la maladie.

Les participants à l’étude ont ensuite été soumis à des tests sanguins afin de savoir s’ils étaient ou non porteurs des variantes du gène ou de l’antigène des leucocytes humaines : le premier multiplie le risque de développer la sclérose en plaques tandis que le second le réduit. Il a également demandé aux participants s'ils avaient été exposés à des solvants organiques, s'ils avaient peint des produits ou utilisé du vernis et s'ils avaient déjà fumé.

Dans un premier groupe ont été rassemblés les participants n’ayant ni gène de la SEP, n’ayant pas été exposés aux solvants et ne fumant pas : 139 d’entre eux étaient atteints par la sclérose en plaques et 525 ne l’étaient pas. Dans le groupe avec les gènes de la SEP et l'exposition aux solvants, mais non-fumeur, 34 personnes avaient développé la sclérose en plaques tandis que 19 n’étaient pas malades. Enfin, le dernier groupe rassemblait les participants porteurs des gènes de la maladie, ayant été exposés aux solvants et fumant :  40 d’entre eux étaient atteints par la SEP et 5 ne l’étaient pas. 

Après analyse de ces résultats, les chercheurs ont déterminé que les gènes et l'exposition aux solvants combinés étaient responsables d'environ 60% du risque de développer une SEP. "Le fait que ce cocktail de gènes, de solvants organiques et le tabagisme contribue de manière significative au risque de sclérose en plaques justifie une enquête", affirme Gabriele C. DeLuca, MD, chercheuse à l'Université d'Oxford au Royaume-Uni et membre de l'American Academy of Neurology. En attendant les résultats de travaux plus poussés, elle recommande d’éviter de fumer et de s’exposer inutilement aux solvants organiques afin de réduire les risques. Cela vaut en particulier pour les personnes ayant des antécédents familiaux de sclérose en plaques.