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Avancée médicale

Le cancer du poumon au stade avancé pourrait se passer de la chimiothérapie

Par le Dr Jean-Paul Marre

Une grande étude menée sur le cancer du poumon au stade avancé a démontré qu'une immunothérapie  améliore la survie et réduit les effets secondaires par rapport à la chimiothérapie de référence. Explications.

yodiyim /iStock

Selon une grande étude présentée au Congrès américain de cancérologie ASCO, une immunothérapie est plus efficace et mieux tolérée que la chimiothérapie dans le traitement du cancer du poumon avancé (localement avancé ou métastasé), l’une des formes les plus fréquentes du cancer du poumon puisqu’elle représente près des deux tiers. En effet, le diagnostic de ces cancers est assez tardif et seulement un tiers des malades peut bénéficier d’une résection chirurgicale complète.

Chez les patients atteints d'une forme avancée de cancer du poumon non à petites cellules et avec une expression du marqueur PD-L1 sur au moins 1% des cellules de la tumeur, le pembrolizumab (un anticorps monoclonal) en monothérapie améliore la survie de 4 à 8 mois et réduit la fréquence des effets secondaires sévères (grade 3 à 5) par rapport à la chimiothérapie (18% vs 41%).

Une très large étude

Le PD-L1 est un biomarqueur qui est utilisé pour sélectionner les malades susceptibles de répondre aux immunothérapies de type "inhibiteur du checkpoint". En général, les tumeurs qui ont une expression élevée du PD-L1 répondent mieux à ces traitements, mais certaines tumeurs qui ont une expression basse ou nulle peuvent répondre aux anti-PD1/anti-PD-L1.

L’étude KEYNOTE-042 est une large étude qui a comparé chez 1274 malades l’efficacité et la tolérance d’une immunothérapie, le pembrolizumab, à la chimiothérapie traditionnelle. Les cancers du poumon au stade avancé (épidermoïdes ou non épidermoïdes) ont été inclus dans l’étude lorsque l'expression PD-L1 était sur au moins 1% des cellules de la tumeur.

Une efficacité en fonction de l’expression PD-L1

Dans d’autres études, le pembrolizumab a été associé à une efficacité à partir d’une expression du PD-L1 supérieure à 1%. L’analyse des résultats a aussi été réalisée en fonction du niveau de l’expression du PD-L1.

Avec un PD-L1 à 50% ou plus, la survie sous pembrolizumab est de 20 mois contre 12,2 mois sous chimiothérapie. Pour un PD-L1 exprimé à plus de 20%, les survies sont de 17,7 mois versus 13 mois respectivement et avec un PD-L1 à 1% ou plus, celles-ci sont de 16,7% versus 12,1%, respectivement. La réponse à la chimiothérapie est bien sûr constante selon les groupes, mais on voit que si la réponse est meilleure avec un PD-L1 exprimé à plus de 50%, le pembrolizumab marche quand même avec des taux d’expression inférieurs.

Il s’agit donc de la première étude qui démontre la supériorité du pembrolizumab en monothérapie par rapport à une chimiothérapie à base de sels de platine. Est-ce qu’il faut se passer de la chimiothérapie ? Pas forcément, il faudrait d’abord vérifier que l’association immunothérapie + chimiothérapie ne fait pas mieux que l’immunothérapie seule, ce qui n’est pas encore clair.