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QUESTION D'ACTU

ASCO 2018

Cancer du sein : la fin de la chimiothérapie est-elle proche ?

Un test portant sur l’analyse de 21 gènes de la tumeur du sein permet de déterminer si une chimiothérapie peut être évitée chez les femmes dont le cancer est hormonosensible. Explications.

Cancer du sein : la fin de la chimiothérapie est-elle proche ? KatarzynaBialasiewicz / Istock




Il y a de belles histoires à raconter, en cancérologie comme ailleurs. Une étude supportée par le gouvernement américain et présentée lors du Congrès ASCO 2018 à Chicago démontre que chez les femmes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant sans récepteur HER2 (c'est-à-dire sans traitement ciblé possible), ni atteinte ganglionnaire (50% des cancers le sont), la réalisation d'un test baptisé Oncotype DX Breast Recurrence Score pourrait permettre d’éviter la chimiothérapie et de se contenter d’une hormonothérapie après la chirurgie. Les promoteurs de l’étude TAILORx, vont jusqu’à dire que grâce à ce test "70% de ces femmes pourraient se passer de la chimiothérapie". Une affirmation un peu abusive, voire commerciale.

Un test quantitatif parmi d’autres

Ce test permet d’attribuer un score de 0 à 100 en analysant les anomalies qui peuvent porter sur 21 gènes de la tumeur du sein. Chez les malades qui ont un score de 0 à 10, cela fait longtemps que l’on ne fait plus de chimiothérapie en plus de l’hormonothérapie. Par contre chez celles qui ont un score de 26 à 100, la chimiothérapie est systématique. La question de la chimiothérapie se posait donc chez les femmes qui ont un score intermédiaire, soit entre 11 et 25.

Après un suivi de plus de 7 ans, le pronostic des femmes qui avaient un score intermédiaire et qui ont été traitées par chimiothérapie ne s'est pas amélioré : ni en termes de survie globale, de survie sans progression ou du taux de récidives à distance. Les courbes entre le groupe chimiothérapie + hormonothérapie et le groupe hormonothérapie seule sont strictement superposables. La chimiothérapie ne sert donc à rien dans ce groupe, ce qui, additionné aux femmes avec un score faible, fait 70%. 

Est-ce que cela va changer la pratique ?

De tout temps les médecins et les autorités de santé ont rêvé d’avoir des scores infaillibles qui leur permettraient de traiter avec "précision" les malades : le juste traitement pour le bon malade… décidé par le bon ordinateur. Mais est-ce que ce test va révolutionner la pratique ? Pas forcément.

Ce test n'a pas été comparé à l’évaluation traditionnelle qui est réalisée en "Réunion de Concertation Pluridisciplinaire" (RCP). Ce processus consiste en effet à définir le meilleur traitement pour chaque patient au terme d'une discussion entre plusieurs médecins. On ne sait donc pas s’il fait mieux que l’évaluation réalisée par les médecins sur des critères cliniques, radiologiques et biologiques. De plus, ce test sera bien disponible en France, mais dans une enveloppe budgétaire qui rembourse également d’autres innovations, dont des thérapies ciblées. Certains experts français consultés sur place au Congrès se sont laissés aller à dire que, compte tenu de l’enveloppe budgétaire limitée, "entre le remboursement du test et celui des traitements ciblés", ils préféraient choisir "les thérapies ciblées".

Une très belle étude donc, mais qui ne change pas le fait que beaucoup de femmes souffrant d’un cancer du sein ne reçoivent déjà pas de chimiothérapie. Ce que cela va changer, c’est que les cancérologues ont désormais les moyens d’être plus affirmatifs quand il expliquent leur stratégie thérapeutique à une patiente. 

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