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Pour faire face au vieillissement de la population française

Vieillissement : les nouvelles mesures d'Agnès Buzyn pour aider les EHPAD

Par Raphaëlle de Tappie

Six mois après le mouvement de contestation des personnels des EHPAD, le ministère de la Santé a annoncé de nombreuses mesures afin d'aider ces établissements à mieux faire face au vieillissement de la population. Voici sa feuille de route.

Obencem/iStock

Aujourd’hui, 1,5 million de personnes ont plus de 85 ans en France. "En 2050, elles seront 4,8 millions", a annoncé le ministère de la Santé mercredi 30 mai dans un communiqué. Aussi, afin de faire face le mieux possible au vieillissement de la population, Agnès Buzyn a présenté sa "feuille de route" pour "améliorer dans l'immédiat la qualité de vie des personnes âgées et d'anticiper la perte d'autonomie". Près de six mois après les manifestations de professionnels du secteur dans plusieurs villes françaises, la ministre des Solidarités et de la Santé a avancé de nombreuses mesures pour venir en aide aux EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).  

"143 millions d'euros supplémentaires"

Dans le détail, ces derniers devraient recevoir "143 millions d'euros supplémentaires" aux 217 millions déjà prévus entre 2019 à 2021 afin de recruter des personnels soignants, a annoncé la ministre de la Santé. Et, afin de renforcer la présence médicale de nuit et réduire "les hospitalisations d'urgences évitables", une "astreinte d'infirmières" mutualisées entre plusieurs établissements sera généralisée, a-t-elle promis. Dotée de 10 millions d’euros, cette mesure déjà votée dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2018 sera entérinée l’année prochaine et celle d’après.

Par ailleurs, 40 millions d'euros seront donnés aux EHPAD entre 2018 et 2022 afin de généraliser l’accès à la télémédecine pour de limiter les déplacements et améliorer la qualité du suivi médical. Surtout dans les déserts médicaux. Agnès Buzyn a également annoncé un plan d’investissement de 100 millions d'euros pour "moderniser" les établissements les plus anciens.

Qui plus est, pour réduire les durées d’hospitalisation et faciliter les retours à domicile des patients, "tout en les maintenant dans un environnement sécurisé avec la présence de soignants", 1000 places d’hébergement temporaire en EHPAD seront financées à hauteur de 15 millions d’euros par l’assurance maladie l’année prochaine pour les personnes sortant de l’hôpital, note le communiqué.

Enfin, afin de soutenir des professionnels de plus en plus frustrés par le manque de moyens, "la commission Qualité de vie au travail installée fin 2017 a proposé un plan d’actions qui mobilisera 16 millions d’euros pour l’amélioration des locaux, la formation au management de l’encadrement, l’acquisition de matériels soulageant les personnels…", est-il précisé. 

"L'insuffisance de l'engagement de l'Etat"

Ces annonces interviennent six mois après le mouvement de grève des personnels au chevet des personnes âgées qui a eu lieu partout en France. En janvier, des centaines de professionnels du secteur avaient défilé à l’appel d’une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD) dans diverses villes afin de réclamer davantage de moyens afin de pouvoir s’occuper "dignement" des retraités.

A cette occasion, les manifestants demandaient l’application d’un ratio d’un agent par résident, contre 0,6 en moyenne actuellement, et l’abrogation d’une réforme polémique votée sous le quinquennat Hollande. Alors que cette dernière prévoit de faire converger progressivement jusqu’en 2023 les dotations aux EHPAD publics et privés, de nombreux professionnels de la santé craignent des suppressions de postes et "une perte de recettes de 200 millions d'euros pour les établissements publics", selon la Fédération hospitalière de France (FHF).

Aujourd’hui, suite aux annonces du ministère de la Santé, l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) a salué dans un communiqué "de grandes ambitions" mais déploré que "le déblocage de 143 millions d'euros ne compense pas la suppression des contrats aidés". "La mention des aidants est la bienvenue, mais les dispositifs évoqués et la revalorisation des salaires n’est pas abordée, ne sont ni chiffrés ni financés ce qui montre bien l'insuffisance de l'engagement de l'État", est-il également écrit.

D’après les chiffres du ministère de la Santé, près de 600 000 personnes vivent actuellement dans l’un des EHPAD français et 400 000 personnes y travaillent.