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Stages d’écoute

Agressions sexuelles : comment les jeunes médecins se forment à leur prise en charge

Par Mathilde Debry

Pour former ses étudiants à la prise en charge des victimes d'agression sexuelle, la faculté de médecine de la Sorbonne a décidé de mettre en place des stages d’écoute au sein du collectif féministe contre le viol (CFCV). 

romkaz / Stock
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A la suite du mouvement #MeToo, les violences sexuelles faites aux femmes sont devenues un véritable sujet de société, mobilisant l'ensemble de ses acteurs. Alors qu’un numéro vert a été mis en place pour améliorer leur prise en charge à Cannes, "une des écoutantes a pris un appel et accompagné une femme anglo-saxone au commissariat de police pour déposer une plainte", s’est déjà félicité Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes. 

Un enjeu de taille 

Pour les médecins, qui sont eux aussi régulièrement amenés à prendre en charge des femmes ayant subi des violences physiques ou psychologiques, l’enjeu est de taille. A tel point que l’équipe pédagogique de la faculté de Médecine de Sorbonne Université, sous l’impulsion du professeur Duguet, a décidé de mettre en place des stages d’écoute au sein du collectif féministe contre le viol (CFCV) : 450 jeunes ont pu y participer en 2018, afin de connaître le discours à adopter pour rassurer une victime et la conseiller.

"J’ai assisté à une matinée d’écoute de 9h à 14h, c’était très intense" explique Alice, étudiante en quatrième année. "Les écoutantes instaurent très rapidement un climat de confiance qui permet à la victime de se confier sans avoir peur d’être jugée. Elles leur communiquent ensuite toutes les adresses utiles selon l’endroit en France où elles se trouvent et les informent des démarches légales possibles." 

Syndrome de stress post-traumatique

En France, les plaintes pour viols et agressions sexuelles ont augmenté respectivement de 12% et 10% en 2017 par rapport à 2016. A l'échelle mondiale, plus de 25% des femmes subiront le même type de sévices au cours de leur vie. 

Bien que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) soit souvent associé aux anciens combattants qui reviennent de la guerre, les femmes victimes d'agression sexuelle sont aussi susceptibles de recevoir ce diagnostic. "Ces quatre heures sont vraiment nécessaires selon moi pour développer sa capacité d’écoute et comprendre ce que peuvent traverser les victimes. Moi-même je suis rassurée de savoir que mes collègues ont suivi cette formation, et ont pris conscience de ce que peuvent traverser certaines femmes", se félicite encore Alice.

Ne pas effacer les preuves

Selon les plus de 500 témoignages recueillis par le mouvement féministe Groupe F et la page "Paye ta police" en mars dernier, les femmes victimes d’agression sexuelle sont mal prises en charge par les force de l’orde. Dans neuf cas sur dix, les témoignages de faits plus ou moins récents (70% datent de moins de cinq ans) font état de graves dysfonctionnements "le plus fréquent étant le refus de prendre une plainte ou le découragement de la victime à porter plainte". Viennent ensuite "la remise en question de l'importance des faits" et "la culpabilisation des victimes", selon l'enquête.

Quelque soit le moyen choisi pour s’exprimer, la police britannique a lancé le 30 octobre dernier une campagne de sensibilisation pour rappeler aux victimes d’agressions sexuelles que le plus important est de ne pas effacer les preuves, qui ne restent environ qu’une semaine. Dans la vidéo diffusée, on voit le violeur assis dans la cellule d'une prison, puis en sortir librement par les différentes portes du bâtiment, qui s'ouvrent à mesure que sa victime prend sa douche, supprime des messages de son portable, lave les verres à vin et décide finalement de ne pas porter plainte.