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Schizophrénie, dépression, bipolarité...

Les personnes créatives sont plus susceptibles de développer des maladies mentales

Par Chloé Savellon

Une récente étude prouve qu’il existe une corrélation entre créativité et maladies mentales. Selon ces travaux, les artistes sont davantage exposés à la schizophrénie, à la dépression ou aux troubles bipolaires.

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Faut-il un petit grain de folie pour devenir un grand artiste ? Les peintres Van Gogh, Salvador Dali ou André Breton confirment cette théorie. La science s’intéresse d’ailleurs de près à cet étrange lien de causalité. En témoigne une récente et vaste étude publiée dans The British Journal of Psychiatry, qui a démontré qu’un esprit créatif est plus susceptible de développer des troubles mentaux tels que la bipolarité, la dépression ou la schizophrénie.

Pour parvenir à ces conclusions, des chercheurs du Kings College de Londres ont étudié le dossier médical de 4,5 millions étudiants suédois afin d’évaluer leur état de santé mentale. Les scientifiques ont pris en compte les activités artistiques que certains des volontaires pratiquaient à l’université (musique, théâtre, écriture etc.) 

Risques accrus de dépression et de bipolarité chez les artistes

Au cours de leurs recherches, les auteurs de l’étude ont constaté que les personnes qui se livrent le plus souvent à des activités artistiques étaient 90% plus susceptibles d’être hospitalisées pour des cas de schizophrénie, comparativement à ceux qui ne pratiquent pas d’activité artistique. Un grand nombre d’hospitalisations de ces personnes ont lieu aux alentours de l’âge de 30 ans, précisent les chercheurs.

De surcroît, les étudiants artistes ont 62% plus de risques d'être sujets à la dépression et présentent 39% plus de risques de développer des troubles bipolaires. Les chercheurs précisent que ce n’est pas le simple fait de se rendre à l’université qui déclenchent ces troubles chez les participants, puisque des étudiants en droit (très certainement eux aussi soumis à un important niveau de stress), sont moins exposés aux maladies mentales.

Comment expliquer ce lien ? 

Pour l’auteur principal de cette étude, James McCabe, les artistes sont peut-être plus susceptibles de penser profondément et d'être émotionnellement instables, ce qui les rend plus vulnérables et les expose à des déséquilibres psychiques, à l’instar de la dépression. Par ailleurs, les périodes de productivité et d'énergie élevée sont liées à la fois à la créativité et au trouble bipolaire, note le scientifique.

James McCabe a également expliqué à la revue New Scientist que la génétique derrière la créativité pourrait aussi influencer la santé mentale. "La créativité implique souvent de relier des idées ou des concepts d'une manière à laquelle d'autres personnes ne penseraient pas." 

Ce n’est pas la première fois qu’un facteur génétique est évoqué pour expliquer le lien entre créativité et troubles mentaux. En 2015, une étude parue dans la revue Nature Neuroscience a montré que les personnes créatives possèdent des gènes de prédisposition aux troubles psychiatriques. Les données génétiques de plus de 96 000 Islandais ont été passées en revue. Les individus ont été classés en deux groupes : créatifs ou non.

Pour les chercheurs qui ont réalisé ces travaux, la créativité se caractérise par des processus cognitifs différents du reste de la population. Les données génétiques confirment cette hypothèse : les scores montrent que la créativité se situe à mi-chemin entre la bonne santé mentale et la maladie psychiatrique.