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Tabac

Marlboro à l'assaut du marché de la cigarette électronique

Par Bruno Martrette

L'américain Marlboro se lance dans le marché florissant de la cigarette électronique. Une niche toujours fragile en France, où les cigarettiers attendent toujours les résultats de l'enquête française sur les effets du produit.

CAPMAN VINCENT/SIPA
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Le marché de la cigarette électronique séduit de plus en plus de monde. Marlboro, la marque de cigarettes la plus vendue dans le monde, compte bien s'adapter aux nouvelles préférences des consommateurs. Ainsi, dans un communiqué rendu public il y a quelques jours, le groupe Altria, fabricant des cigarettes Marlboro, a fait savoir qu'il allait sortir une marque d'e-cigarettes avant la fin de l'année. Le PDG de la firme, Marty Barrington, n'a pour l'instant donné aucune précision quant au nom de son futur produit et à son prix. L'annonce intervient au même moment que la présentation des résultats trimestriels du groupe. Les ventes de cigarettes Marlboro ont chuté de plus de 5% au premier trimestre 2013. De plus, le chiffre d'affaires d'Altria a reculé de plus de 2,5% par rapport à la même période en 2012.

 

Avec ce nouveau marché le groupe américain s'attaque à un commerce devenu une véritable niche pour les cigarettiers. Selon une étude du cabinet d'étude Euromonitor, les ventes d'e-cigarettes dans le monde ont atteint 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros) en 2011, soit moins de 1% du marché global du tabac. Mais cette part devrait doubler d'ici à 2016 et atteindre 4% d'ici à 2050. «Il est difficile de ne pas remarquer l'intérêt grandissant que suscite ce produit et les perspectives d'explosion de ce marché de niche », souligne Euromonitor.

Mais les cigarettiers ne sont pas les seuls à lorgner sur ce marché florissant. Visiomed Groupe, "leader en France dans l'électronique médicale" a annoncé le 25 mars qu'il allait lui aussi "s'attaquer au marché de la cigarette électronique". Cette société revendique même le statut de dispositif médical dans le sevrage tabagique. Si l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) accepte le dossier déposé par ce fabriquant, ce serait une première.

 

En France, plus d'un million de consommateurs auraient déjà goûté à l'e-cigarette, et des dizaines d'entreprises cherchent ces derniers mois à conquérir ce marché. Une offensive qui se heurte à des inquiétudes de la part des pouvoirs publics  sur les conséquences de la consommation d'e-cigarettes pour la santé. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a demandé le mois dernier une enquête à ce sujet  afin de faire une évaluation bénéfice-risque de ce dispositif qui pose un certain nombre de questions. Des doutes sur les effets de la cigarette électronique qui ne sont pas nouveaux. En effet, en mai 2011, l'Agence du médicament (Ansm) avait recommandé «de ne pas consommer de cigarettes électroniques». L'Ansm affirmait que ces solutions contenaient des quantités de nicotine plus ou moins importantes, qui, même à des concentrations faibles, pouvaient «conduire à des effets indésirables graves». L'agence sanitaire soulignait  en particulier que l'usage de cigarettes électroniques était à éviter chez les femmes qui allaitent en raison de la toxicité de certaines substances et de l'absence de données relatives à leur passage dans le lait maternel. Et aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) devait remettre en avril des propositions de réglementation pour encadrer leur commercialisation, rappelle le Wall Street Journal. Une publication qui a été retardée : «Nous devons mener des recherches supplémentaires», a indiqué une porte-parole de l'autorité américaine de la santé cette semaine.