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Spasmophilie

Tremblement de la paupière : quand est-elle synonyme de maladie ?

Par Camille Sabourin

Chacun de nous a eu un jour subi cet étrange phénomène qui repart aussi vite qu’il est arrivé, le tremblement de la paupière. On le retrouve principalement chez les mauvais dormeurs, les personnes stressées ou qui passent trop de temps devant les écrans… Mais le tremblement de la paupière inquiète lorsqu’il annonce une crise de spasmophilie. Explications.

stasique/Epictura
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Les paupières protègent instantanément les yeux des agressions extérieures comme la poussière ou la lumière, et participent au nettoyage. Ce sont deux voiles de peau, actionnés par des muscles. Certes, elles peuvent s’infecter, souffrir d’inflammation, mais en général, elles ne posent pas de problème.

Elles servent même de moyen de signalisation grâce au clignement d’œil. Mais ce qui peut être un charmant signe distinctif, devient franchement désagréable lorsque que les paupières se mettent à trembler sans raison et de façon incontrôlable. C’est ce que les médecins appellent le "blépharospasme" : blépharon signifie "paupière" en grec.

Les médecins se sont penchés sur les causes de ce signe qui peut parfois être perçu de façon très pénible. Dans la majorité des cas, et cela est plutôt efficace, ils conseillent du repos, des cures de magnésium, l’éviction des écrans... Si la gêne est importante, des séances de relaxation, voire de psychothérapie obtiennent de bons résultats. Mais ils ne sont pas d’accord entre eux, lorsque ce clignement intempestif et incontrôlé, est synonyme de déclenchement d’une crise de spasmophilie.

La spasmophilie, sujet à débat

Il y a, en effet, ceux qui diagnostiquent un manque de magnésium. Il y a ceux pour qui la spasmophilie s'apparente à une manifestation plus proche de la psychiatrie et qui proposent un traitement à base de médicaments contre l’anxiété. Car dans les deux cas, il s’agit de soulager quelqu’un qui souffre objectivement et qui se moque des querelles d’étiquettes.

La spasmophilie touche les femmes à 75 %, avec un profil psychologique dont le trait commun est une forte réceptivité au stress et aux petits symptômes désagréables.

La crise de spasmophilie est précédée d’une sensation de malaise et de "boule dans la gorge". Le malade ressent des impressions de fourmillements dans les mains, les pieds, les jambes et le pourtour des lèvres. Surviennent alors des secousses de paupières, puis des palpitations et une impression d’étouffement qui peuvent conduire à un état de malaise important, voire à un évanouissement.

On a longtemps appelé la spasmophilie “tétanie”. Les symptômes sont identiques, mais en cas de tétanie, on retrouve une baisse du calcium dans le sang. Quand on connaît le rôle du calcium dans la contraction musculaire, on comprend l’apparition des crampes. Mais la spasmophilie est une tétanie à calcium normal et qui ne peut donc pas bénéficier du traitement efficace de cette tétanie.

Pourquoi les médecins sont-ils divisés ?

Et bien parce qu’au contraire de la tétanie, on ne retrouve aucune cause ou signe biologique et que la spasmophilie survient souvent dans des conditions de stress comme l’avion. Les hôtesses de l’air connaissent d’ailleurs bien ces manifestations et savent que la plupart du temps, l’isolement, le calme et la présence rassurante d’un médecin, permettent très rapidement l’arrêt de la crise.

Si le médecin ne dispose pas d’un tranquillisant, il peut obtenir le même résultat en changeant la composition de l’air respiré par celui qui souffre, en lui mettant la tête quelques secondes à l’intérieur d’un sac plastique ou de papier. Spectaculaire et efficace, mais attention, cette manœuvre est à effectuer impérativement par une personne extérieure.

Il n’existe pas d’examens complémentaires pour mettre en évidence cette spasmophilie bien que le malade les réclame. Rien dans le sang, rien sur l’électroencéphalogramme ou le scanner. La piste d’un déficit en magnésium, sans être prouvée, permet un traitement magnésium associé à la vitamine B6 pour le fixer, avec de bons résultats semble-t-il. Les psychiatres préfèrent, eux, trouver des similitudes avec l’hystérie, expliquant ainsi l’efficacité des calmants qu’ils prescrivent. Pendant ce temps les personnes qui en souffrent aimeraient bien qu’on trouve une explication satisfaisante