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Grossesse

IVG, fausse couche, déclenchement de l'accouchement : sans le Cytotec, comment faire ?

Par Johanna Hébert

Le 1er mars prochain, le Cytotec, un traitement largement utilisé pour les IVG médicamenteuses, les fausses-couches et les déclenchements sera retiré du marché. Est-ce une bonne nouvelle? Quelles sont les solutions alternatives? 

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Chaque année, entre 120 000 et 130 000 avortements médicamenteux sont déclarés en France, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm). Aujourd’hui, ils sont en grande majorité pratiqués avec un traitement : le Cytotec. Mais dans quinze jours ce médicament sera retiré du marché suite à une polémique liée aux effets secondaires de la molécule misoprostol. Mais si le laboratoire Pfizer a annoncé son retrait du marché, les lots ne seront pas rappelés. 

D’anti-ulcéreux à traitement gynécologique 

Le Cytotec est autorisé depuis trente ans. À l’origine, c’est un traitement contre les ulcères et les problèmes gastriques. C’est pour cette utilisation qu’il a d’ailleurs reçu une autorisation de mise sur le marché. Mais il contient une molécule, le misoprostol, qui provoque des contractions de l’utérus. Utile pour expulser un bébé lors d’un déclenchement d’accouchement, un foetus lors d’une fausse-couche ou un embryon en cas d’interruption volontaire de grossesse. Aujourd’hui, le Cytotec est utilisé dans plus de 90% des cas. 

Le Cytotec, trop difficile à doser 

Le problème de ce traitement, c’est qu’il est très difficile à doser lorsqu’il est utilisé en gynécologie. Pour être efficace il doit être administré par voie vaginale et non orale, alors qu’il a été conçu pour ce dernier usage. Les risques de surdosage sont élevés, puisque les médecins doivent utiliser au maximum un huitième du comprimé, dosé à 200 microbiogrammes. Sa toute petite taille ne facilite pas non plus le dosage. 

Retiré car dangereux

Le Cytotec est mis en cause pour des effets indésirables très graves, surtout en cas de déclenchement, comme des hémorragies, des anomalies du rythme cardiaque du foetus, des ruptures utérines… Aurélie Joux, fondatrice de l’association "Timéo et les autres" (du nom de son fils né lourdement handicapé suite à un surdosage du traitement) a gagné son procès contre l’hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) en 2016. Cette mère de famille a milité pour le retrait du marché de ce traitement. C’est chose faite. Mais maintenant, que faire ?

Quelles alternatives au Cytotec?

Il existe deux médicaments contenant du misoprostol. Le Gymiso du laboratoire Amring et le MisoOne de Nordic Pharma. Mais leur utilisation de mise sur le marché (AMM) ne concerne que les IVG médicamenteuses. L’Ansm leur a alors accordé une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour les déclenchements et les fausses-couches, effective, normalement, au 1er mars prochain. Un troisième médicament a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) : le danois Angusta du laboratoire Azanta. Mais il ne sera pas disponible en France avant plusieurs mois. 

Sinon, il existe toujours le curetage, ou "aspiration". Mais cette intervention est loin d’être la plus prisée des femmes. L’IVG médicamenteuse avec du Cytotec a d’ailleurs diminué de trois quarts le nombre de curetages.