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Nouvelle piste thérapeutique

Un dérivé du cannabis permet de réduire les crises d'épilepsie résistantes

Par le Dr Jean-Paul Marre

L’association de cannabidiol thérapeutique, un dérivé du cannabis, à d'autres traitements antiépileptiques permet de réduire le nombre de crises chez les personnes atteintes du syndrome de Lennox-Gastaut, souvent résistant aux traitements usuels. 

drnn/epictura

Selon un essai clinique randomisé de phase 3 mené sur 14 semaines et publié dans la revue The Lancet, le cannabidiol thérapeutique en association au traitement antiépileptique standard permet de réduire la fréquence des crises qui entraînent des chutes brutales (dues à la perte soudaine de tonus musculaire).
À la fin de l'étude, les crises et les chutes ont diminué de 43,9% pour le groupe cannabidiol, contre une réduction de 21,8% pour ceux qui prennent le placebo.

Une épilepsie infantile sévère

Environ 1 à 4% des cas d'épilepsie infantile sont causés par le syndrome de Lennox-Gastaut, une forme d'épilepsie sévère persistante impliquant plusieurs types de crises et des troubles cognitifs.
Bien qu'il existe toute une panoplie de traitements médicamenteux et non-pharmacologiques (comme le régime cétogène, la stimulation nerveuse et la chirurgie du cerveau), seulement 10% des malades n’ont plus de crise d’épilepsie.

Une nouvelle option

« Il existe un besoin urgent de nouvelles options thérapeutiques pour les personnes souffrant d’un syndrome de Lennox-Gastaut, et nous sommes heureux que notre étude montre qu’il existe une option supplémentaire pour réduire les crises », explique le Dr Elizabeth Thiele, du Massachusetts General Hospital, aux États-Unis.
« Nos résultats sont en faveur de l'utilisation du cannabidiol thérapeutique en association avec d'autres antiépileptiques pour réduire significativement la fréquence des crises chez les malades souffrant du syndrome de Lennox-Gastaut, ce qui est une bonne nouvelle pour ces patients qui souvent ne répondent pas bien au traitement ».

Un essai randomisé

L'essai a recruté 171 malades âgés de 2 à 55 ans de différents pays, qui avaient eu diverses crises au cours des six derniers mois (y compris deux saisies de goutte ou plus par semaine pendant les quatre semaines).
Tous les malades étaient très résistants au traitement. Avant le début du procès, les malades n'avaient pas répondu à une moyenne de six médicaments antiépileptiques. Ils prenaient trois médicaments antiépileptiques et avaient 73,8 crises d'épilepsie par mois, en moyenne.
Les malades ont reçu une dose quotidienne d'une formulation pharmaceutique de cannabidiol (86 personnes) ou de placebo (85 personnes), en plus de leur traitement habituel, pendant 14 semaines.

Une tolérance correcte

62% (53/86) des malades du groupe cannabidiol ont eu des effets secondaires liés au traitement, comparativement à 34% (29/85) des mala du groupe placebo. Les événements indésirables les plus fréquents dans le groupe cannabidiol étaient la diarrhée, la somnolence, la fièvre, la perte d'appétit et les vomissements. Des effets indésirables graves ont été rapportés chez 20 malades du groupe cannabidiol, dont les plus fréquents ont été des augmentations des enzymes hépatiques.

Des interactions médicamenteuses possibles

Les auteurs notent que les interactions médicamenteuses potentielles entre le cannabidiol et un médicament contre l'épilepsie appelé clobazam doivent être explorées davantage. Ils notent également que différentes doses de cannabidiol devraient être explorées car cette étude a seulement testé une dose, et que l'efficacité et l'innocuité à long terme du traitement doivent être confirmées.

L’efficacité et la tolérance à long terme de cette formulation médicamenteuse de cannabidiol, ainsi que ses interactions éventuelles avec d'autres médicaments contre l'épilepsie, doivent maintenant être confirmées.