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Protéines cellulaires

Les épilepsies, une question de gènes

L'analyse génétique est une piste prometteuse pour mieux comprendre les différentes formes d'épilepsie. Plus de 100 gènes liés à la maladie ont déjà été découverts.

Les épilepsies, une question de gènes Inserm/Eugène, Emmanuel




  Dossier réalisé en partenariat
avec 
Science&Santé,
le magazine de l'

 

Aujourd’hui, pour expliquer la genèse des épilepsies, un nouvelle piste est explorée : la génétique. Comme l’explique Rima Nabbout, neuropédiatre à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris, « il faut reconnaître que les avancées sont relativement récentes car pendant longtemps, on a eu une approche génétique “classique” [en recherchant LE gène de l’épilepsie, NDLR], alors qu’il s’agit plutôt de prédispositions génétiques liées à un ou plusieurs gènes. » De fait, il existe des épilepsies associées à un seul gène, et d’autres sans doute dues à des interactions entre plusieurs gènes et l’environnement.

Plus de 100 gènes identifiés

« Actuellement, une centaine de gènes ont été identifiés, principalement pour les épilepsies monogéniques », indique Éric Le Guern, généticien à l’ICM. En toute logique, « les premières découvertes ont concerné les gènes codant pour les canaux ioniques et les récepteurs aux neurotransmetteurs, des acteurs majeurs de l’excitabilité neuronale », complète le généticien.
Ainsi, « 80 % des malades ayant un syndrome de Dravet, une épilepsie sévère et rare de l’enfant, présentent des mutations du gène SCN1A qui code pour une sous-unité d’un canal sodium et 60 % des patients avec des crises partielles migrantes ont une mutation dans le gène KCNT1 qui code pour un canal potassique1 », indique Rima Nabbout. Dans la même veine, l’équipe d'Éric Le Guern a associé des anomalies d’un autre canal ionique, le HCN1, à une encéphalopathie épileptique proche du syndrome de Dravet2.

 

Améliorer le conseil génétique

Cependant, les épilepsies ne se limitent pas à des anomalies des canaux et des récepteurs. « Des gènes impliqués dans d’autres voies cellulaires commencent donc à être identifiés, précise Éric Le Guern. C’est le cas des mutations du gène DEPDC5 que Stéphanie Baulac de l’ICM a identifiées dans des épilepsies partielles familiales dont certaines présentent des malformations du cortex. Ce gène code pour une protéine qui régule la voie mTOR impliquée notamment dans la prolifération, la mobilité et la survie cellulaire. »

L'espoir de cartographier les gènes responsables de l'épilepsie - Stéphanie Baulac from ICM on Vimeo.

 

Pour les médecins, l’intérêt de l’identification de ces gènes est multiple. « Cela permet de donner un nom à la maladie, d’arrêter les recherches étiologiques [des causes des maladies, NDLR] coûteuses et fastidieuses pour l’enfant et la famille, et permet de proposer un conseil génétique quand les parents souhaitent, par exemple, avoir d’autres enfants, ce qui est très important, souligne Rima Nabbout. Cela peut aussi améliorer la prise en charge et avoir des répercussions sur les décisions thérapeutiques. »



Françoise Dupuy Maury
Science&Santé, le magazine de l'Inserm  

 

1 - G. Barcia et al. Nature Genetics, novembre 2012 ;44 (11) : 1255-9 

2 - C. Nava et al. Nature Genetics, 20 avril 2014 ; 46 : 640-5 

3 - S. Baulac et al. Annals of Neurology, 13 mars 2015 ; 77 (4) : 675-8

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