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Risque cardiovasculaire

Infarctus : le risque augmente dès la première cigarette

Par le Dr Jean-Paul Marre

Une seule cigarette par jour est mauvaise pour les artères selon des experts britanniques. Il n'y a donc pas un nombre de cigarettes quotidiennes en dessous duquel on serait à l’abri des accidents cardiovasculaires. Il faut arrêter de fumer si l’on veut s’épargner les accidents cardiaques et neurovasculaires. Réduire sa consommation ne sert à rien.

AndreyPopov/epictura

Fumer une seule cigarette par jour présente un risque beaucoup plus élevé de développer une maladie coronarienne et un accident vasculaire cérébral que prévu, environ la moitié du risque de fumer 20 cigarettes par jour, d’après une analyse de nombreuses études publiée par le BMJ.
Le risque serait de près de 50% du risque associé à un tabagisme à un paquet par jour chez les hommes et du tiers chez les femmes.
Ce résultat a des conséquences importantes pour de nombreux fumeurs et professionnels de la santé qui croient que fumer seulement quelques cigarettes par jour n’est pas mauvais. Leur recommandation est que les fumeurs devraient cesser complètement de fumer au lieu de chercher seulement à réduire leur risque de maladies cardiaques et d'AVC de façon significative.

Moins de 6 cigarettes, c’est pour le poumon

En matière de tabac, il existe une grande variabilité de la susceptibilité individuelle, en raison de la génétique et des facteurs de risque associés.
Pour le risque de bronchite chronique ou de cancer du poumon, une relation linéaire entre la consommation de cigarette et le risque étant objectivée : il a été montré qu’un tabagisme inférieur à 6 cigarette par jour serait nettement moins toxique pour les bronches.
Il n’en est pas de même pour le cœur, où plusieurs études menées sur des données individuelles ont montré que fumer seulement une à cinq cigarettes par jour est associé à un risque plus élevé que prévu de maladie cardiovasculaires (infarctus et AVC).

Pour le cœur, c’est dès la 1ère cigarette

Pour approfondir cette question, une équipe de chercheurs dirigée par le professeur Allan Hackshaw, de l'UCL Cancer Institute de l'University College London, a analysé les résultats de 141 études et estimé les risques relatifs de fumer une, cinq ou 20 cigarettes par jour.
Par rapport aux risques observés chez les hommes qui fument un paquet de cigarettes par jour (20), les hommes qui fument une seule cigarette par jour ont encore 46% du risque de maladie cardiaque et 41% de celui d'un AVC. Chez les femmes, celles qui fument une seule cigarette par jour ont encore 31% du risque de maladie cardiaque et 34% du risque d'AVC par rapport au risque associé à 20 cigarettes par jour. Un risque beaucoup plus élevé que les 5% auquel ont aurait pu mathématiquement s’attendre.

Seul le sevrage réduit le risque

« Nous avons montré qu'une grande partie du risque de maladie coronarienne et d'accident vasculaire cérébral existe avec seulement quelques cigarettes par jour », affirment les auteurs. « Cela surprend probablement beaucoup de gens, mais il existe aussi des mécanismes biologiques qui aident à expliquer le risque inattendu associé à un faible taux de tabagisme ». En effet, des études cardiologiques antérieures avaient montré que le mécanisme de toxicité n’est pas le même dans le poumon que dans le cœur.
Si dans les bronches, il s’agit d’un mécanisme irritatif, chaque cigarette prolongeant l’irritation et l’inflammation des bronches de la précédente, dans le cœur, il existe également une action directe sur les plaquettes, ces petits éléments circulants du sang qui sont normalement chargés de la coagulation. Une seule cigarette a tendance à exciter les plaquettes et à les rendre hyperactives. Tout ceci débouche sur un état d’hypercoagulabilité qui favorise le risque de caillot (thrombus) dans les artères, et en particulier les coronaires.

Il n'existe donc aucun niveau de tabagisme sûr pour les maladies cardiovasculaires : seul le sevrage complet est protecteur et devrait être l’objectif de toutes les politiques de prévention. Au passage, le risque associé à ce faible niveau de consommation explique la nocivité du tabagisme passif.