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Lymphocytes MAIT

Diabète de type 1 : des cellules altérées avant les symptômes

Par le Dr Jean-Paul Marre

Un marqueur biologique précoce du diabète de type 1 a été identifié. Il pourrait permettre de prévenir son apparition à l’aide de nouvelles stratégies thérapeutiques.

Anetta/epictura

Détecter le diabète de type 1 avant qu’il n’apparaisse serait possible. Certaines cellules de l’organisme présentent des altérations avant même les premiers signes de la maladie, comme l’ont découvert des chercheurs de l'Institut Cochin (Paris), associés à des collègues de l'hôpital universitaire Necker-Enfants Malades (AP-HP).

Les cellules en question sont les lymphocytes MAIT (Mucosal-Associated Invariant T cells), qui sont associés aux muqueuses et sont capables de reconnaître le microbiote.

Cette découverte, publiée dans Nature Immunology, suggère que ces cellules pourraient constituer un nouveau biomarqueur pour détecter précocement le diabète de type 1. Elles pourraient même constituer une cible thérapeutique afin de prévenir l’apparition de cette maladie auto-immune.

Le microbiote en cause

Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune résultant de la destruction par le système immunitaire des cellules bêta du pancréas. Celles-ci sont chargées de sécréter l’insuline. Leur destruction est le plus souvent imputée aux lymphocytes T auto-réactifs.

Mais le système immunitaire inné – qui constitue la première ligne de protection de l'organisme – joue également un rôle important dans l’apparition du diabète de type 1. Les cellules MAIT en font partie. Elles sont activées par des bactéries, et en particulier, celles de la flore intestinale, le microbiote.

Or, dans un diabète de type 1, on observe des altérations du microbiote (« dysbiose ») et des anomalies de la muqueuse intestinale. C’est pourquoi les chercheurs se sont intéressés au rôle potentiel des cellules MAIT dans ces troubles.

Un biomarqueur précoce

Cette étude a été réalisée sur des modèles animaux du diabète de type 1, ainsi que sur des échantillons de sang humain provenant de patients suivis à l'hôpital Necker-Enfants malades. Dans les deux cas, les cellules MAIT sont altérées avant même l'apparition du diabète de type 1.

Lors du diagnostic chez les enfants, ces cellules MAIT sont également moins fréquentes dans le sang par rapport aux enfants non diabétiques. Ce phénomène pourrait s'expliquer par une augmentation de la migration de ces cellules dans le pancréas, dont les tissus sont en inflammation.

L’hypothèse est d’autant plus plausible que, chez les souris, une augmentation du nombre de cellules MAIT est directement observée dans le pancréas. Elles semblent d'ailleurs être impliquées directement dans la destruction des cellules bêta du pancréas, comme l'ont démontré des expériences chez les animaux et sur des cellules humaines in vitro

Une cible thérapeutique

Le rôle les cellules MAIT dans le diabète de type 1 ne s’arrête pas là. Elles présentent un défaut fonctionnel qui entrerait en jeu lors des altérations de la muqueuse intestinale, courantes dans le diabète de type 1.

En effet, les cellules MAIT sont normalement chargées de maintenir l'équilibre de la muqueuse intestinale. Mais elles perdent en partie cette capacité dans le contexte du diabète auto-immun. Résultat : la muqueuse est plus perméable aux bactéries. Un phénomène qui peut favoriser les réactions auto-immunes. Cette découverte pourrait donc ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques dans le diabète de type 1.