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En Afrique du Sud et Côte d'Ivoire

Sida : la réduction des budgets des Etats-Unis entraînera des milliers de décès

Par Anne-Laure Lebrun

Si les Etats-Unis contribuent moins à la recherche sur le sida, le nombre de cas et de décès liés au VIH vont augmenter dans les 10 prochaines années.

AP/SIPA
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Prévue pour 2030, la fin de l’épidémie de VIH est à portée de main. Jamais les experts n’ont été aussi enthousiastes. Mais ils sont aussi très inquiets. Car la baisse des financements déjà engagée depuis plusieurs années – ils sont au niveau le plus bas depuis 2010 – laisse craindre un retour en arrière.

Alors, quand le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annoncé au monde qu’il se désengagerait dès 2018 de plusieurs fonds internationaux, la crainte a redoublé.
Une peur justifiée, selon une étude publiée dans Annals of Internal Medicine qui dévoile les effets dévastateurs de cette décision politique en Afrique du Sud et en Côte d’Ivoire.


Près de 5 milliards d'investissements

Historiquement, les Etats-Unis sont le plus gros contributeur à la lutte contre le sida. A eux seuls, ils représentent plus de deux tiers des financements gouvernementaux internationaux. En 2016, ils ont consacré 4,9 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros) contre 242 millions pour la France.

Mais le nouveau président estime que d’autres donateurs doivent maintenant prendre le relais. Il a notamment proposé de réduire de 300 millions de dollars la participation au programme PEPFAR qui permet à plus de 11 millions de personnes, dont un million d’enfants, de bénéficier d’un traitement.
Au total, les coupes budgétaires envisagées par le président américain pourraient se chiffrer à plus d’un milliard de dollars, selon l’ONG Health GAP.

Reprise de l'épidémie

Pour ses modélisations, l’équipe internationale dirigée par le Pr Rochelle Walensky, du Massachusetts General Hospital, a projeté que l’administration Trump diminuerait d’au moins un tiers ses investissements.

Pour l’Afrique du Sud, pays qui compte le plus de personnes vivant avec le VIH, les conséquences seraient désastreuses. En 10 ans, 500 000 nouveaux cas seraient à déplorer et plus de 1,6 million de personnes décéderont du sida.
« Que l’indicateur soit la mortalité, l’espérance de vie ou encore les nouvelles transmissions, ces coupes produiront sûrement autant de mal que d’économie, regrette Linda-Gail Bekker, présidente de l’International AIDS Society, présidente et l’un des auteurs de l’étude.

En Côte d’Ivoire, les décès associés au VIH augmenteront également de 35 % si ces économies sont mises en œuvre. « Au vu des progrès extraordinaires réalisés jusqu’ici, il est temps de redoubler d’efforts pour qu’on ne soit pas le témoin de l’échec d’un succès durement acquis », prévient Xavier Anglaret, du Centre de recherche sur les maladies infectieuses et pathologies associées à Abidjan (Côte d’Ivoire).


Le temps des choix difficiles

Face à ce désengagement américain, les Etats devront assurer les financements des programmes de lutte. Mais sans cet apport extérieur, des choix difficiles seront à faire. En Afrique du Sud, les traitements seront destinés en priorité aux patients séropositifs les plus mal en point, tandis qu’en Côte d’Ivoire, l’hospitalisation des malades pourrait être écourtée. Ces choix difficiles sont ceux qui entraîneront le moins de décès, selon la modélisation des scientifiques.

« Notre objectif est de confronter les pays donateurs aux conséquences économiques et humanitaires de leur décision et d’aider les nations à répondre à cette situation de la manière la moins néfaste pour la population », explique David Paltiel, professeur de santé publique à l’université de Yale et auteur de l’étude.