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Des traces sur les dents

Préhistoire : Néandertal soignait ses caries

Par Audrey Vaugrente

L'homme de Néandertal tentait de soigner ses caries avec les moyens du bord. Des traces de frottement et de manipulation ont été découvertes sur des dents anciennes.

poeticpenguin/epictura

Le plus vieux métier du monde va sans doute changer de nom. Il y a 130 000 ans déjà, l’homme de Néandertal soignait ses problèmes de dents. Une dentisterie artisanale, certes, néanmoins existante. C’est ce que montre une étude de l’université du Kansas (Etats-Unis), parue dans le Bulletin of the International Association for Paleodontology.

Les quenottes à l’origine de cette découverte ont été mises au jour il y a un siècle sur le site de Krapina, en Croatie. Si le sexe de leur propriétaire Néandertalien n’est pas connu, ses habitudes, elles, le sont. Car cet hominidé souffrait de problèmes dentaires et a décidé de les soigner.

De la chirurgie élémentaire

Preuve de cette tentative d’automédication, les traces qui persistent sur ces dents, après des millénaires passés sous terre. Au microscope, les chercheurs ont observé des traces de frottement sur la dentine, des fractures de l’émail survenues avant la mort. Et même, sur certaines molaires, les marques de l’usage d’un cure-dents.

Ces signes indiquent que l'homme de Néandertal a probablement tenté de traiter ses problèmes dentaires. « Il n’est peut-être pas surprenant qu’il ait fait cela, mais pour autant que nous le sachions, cela indique (...) qu’il tentait de traiter lui-même ce problème », estime David Frayer.

Et il s’agit bien de dentisterie puisque les dents examinées n’étaient pas dans leur axe d’origine. Le souffrant ou ses proches ont manipulé les molaires et prémolaires, afin de calmer la douleur. Un élément qui ne fait aucun doute, puisque les dégâts se situaient du côté de la langue. Ils n’ont donc pas pu survenir après la mort du Néandertalien.


Source : David Frayer, University of Kansas

Pas un sous-homme

Les chercheurs n’ont toutefois pas pu confirmer la présence d’une maladie parodontale. Aucune mandibule correspondant aux quenottes n’a été exhumée du site croate. Les signes d’irritation et d’inconfort restent manifestes.

Tous ces éléments suggèrent que l’hominidé « était capable de modifier son environnement à l’aide d’outils, tranche David Frayer. Les traces de cure-dents, qu’elles aient été causées par des os, des racines ou quoi que ce soit, ainsi que les fractures sur les dents, nous montrent que Néandertal agissait sur sa bouche pour traiter les irritations dentaires. »

Ces éléments confirment que cette branche disparue de l’Humanité était loin d’être un sous-homme. Une première piste en ce sens avait été soulevée après la découverte de bijoux archaïques.