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Mort de Pauline, 16 ans

Codéine : 45 000 signatures contre la vente libre de la codéine

Par Ambre Amias

La pétition lancée par la mère de l’adolescente de 16 ans décédée suite au détournement de codéine mobilise. L’ANSM étudie des solutions.

Photo de Pauline par Christelle Cebo

« Interdisons en France la vente de codéine sans ordonnance. » Tel est le message simple de Christelle Cebo, la mère de Pauline. Sa fille, alors en pleine santé, est décédée le 2 mai dernier. En cause, une dose toxique de codéine. L’adolescente de 16 ans avait consommé, lors d’une soirée, des cocktails contenant la molécule, en vente sans ordonnance dans certains produits pharmaceutiques.

Atterrée par le décès de sa fille, Christelle Cebo a publié une pétition sur le site change.org. Adressée à la ministre des Solidarités et de la Santé, ainsi qu’à la directrice adjointe de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), elle a déjà récolté plus de 45 000 signatures. Elle souhaite que la France rejoigne l’Allemagne, les États-Unis, le Japon et l’Australie, qui ont déjà interdit la vente libre de codéine.

Purple drank

« Des trafics de médicaments à base de codéine et des initiations à leur utilisation se répandent dans les établissements scolaires, en particulier dans les lycées », déplore-t-elle dans la lettre qui accompagne la pétition.

Codoliprane, Klipal Codéine, Dafalgan Codéiné, Néocodion, Euphon, Thiopectol… Ces antalgiques et antitussifs sont en vente libre, et sont détournés pour leur teneur en codéine. La substance, un opiacé dérivé de la morphine, entre par exemple dans la composition du « purple drank », un cocktail couramment consommé en soirées.

C’est l’un de ces mélanges qui a tué Pauline. Au lendemain d’une soirée visiblement bien arrosée, le 22 avril dernier, sa mère tente de la réveiller. Sans succès. Les secours dépêchés sur place parviennent à relancer le cœur de l’adolescente, mais trop tard. Les dommages sont trop importants.

Deux décès en 2017

Depuis le début de l’année, plusieurs cas d’intoxication grave ont été recensés, après consommation dans un cadre récréatif. Un deuxième adolescent est décédé. Peu coûteuse et facilement accessible, la défonce médicamenteuse a le vent en poupe. Une situation qui pousse l’ANSM à entamer une réflexion sur la vente de ces produits.

Elle pourrait aboutir sur une interdiction de la vente libre de ces produits dont l’usage est détourné, mais d’autres pistes seraient à l’étude. La responsabilité du pharmacien est aussi engagée. « Le pharmacien peut, et doit, refuser la délivrance d’un médicament s’il estime que cela peut présenter un risque pour la santé du patient qui le demande », rappelle ainsi Alain Delgutte, président du conseil central de l’Ordre des pharmaciens.