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Tribunal correctionnel de Paris

Conflit d’intérêts : 30 000 euros requis contre le Pr Aubier

Par Antoine Costa

Poursuivi pour « témoignage mensonger sous serment », le pneumologue avait omis de mentionner qu’il était aussi employé par Total, lors d’une audition au Sénat.

Capture d'écran RTL

« Pour moi, il n’y a pas de lien d’intérêt ». Le Pr Michel Aubier, ancien chef du service de pneumologie à l’Hôpital Bichat (Paris), conteste les reproches qui lui sont faits. Il comparaissait ce mercredi devant la 31e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris pour n’avoir pas mentionné la rémunération en provenance de Total, lors d’une audition devant la commission d’enquête du Sénat, en 2015.

Or, le médecin, aujourd’hui retraité, était consulté en tant que pneumologue sur les effets de la pollution, et en particulier des particules diesel. Il avait nié, sous serment, toute implication avec des acteurs économiques du secteur, alors qu’il était employé par le groupe pétrolier depuis 1997, et percevait de sa part des sommes pouvant dépasser les 170 000 euros par an.
 

Une défense hésitante

L’accusé réfute l’idée d’un conflit d’intérêts, mais n’a pas réussi à justifier les omissions dans ses déclarations de liens d’intérêts devant le tribunal. Il n’avait en effet déclaré des liens que pour la moitié des laboratoires avec lesquels il était engagé, et n’avait pas mentionné les neuf demi-journées par mois pour lesquelles il était rémunéré par Total.

« Pourquoi déclarer 150 euros et pas Total, alors qu’ils vous paient 6 000 euros par mois ? », a insisté la présidente du tribunal. « Je ne l’ai pas dit car il s’agissait d’évaluer le coût de la pollution, ce n’était pas un sujet sanitaire, a-t-il rétorqué. Pour moi, ça n’avait aucun lien. »

Pas tenu à la vérité ?

De son côté, Me Saint-Pierre, l’avocat du Pr Aubier, a tenté de faire acquitter son client sur la forme, en profitant d’un flou juridique entourant les enquêtes parlementaires. Il appuie notamment le fait que le médecin a été convoqué comme expert, et non comme témoin. Il ne serait alors pas tenu de dire la vérité…

Le parquet a requis une amende de 30 000 euros à l’encontre du Pr Aubier. Pour les faits qui lui sont reprochés, il risquait jusqu’à 75 000 euros d’amende, et 5 ans de réclusion.