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ASCO 2017

Cancer du sein : la grossesse est possible

Par Ambre Amias

Souvent crainte par les survivantes du cancer du sein, la grossesse n’affecte pas les chances de survie, d’après une étude présentée ce samedi.

kladyk/Epictura

La moitié des femmes diagnostiquées d’un cancer du sein déclarent souhaiter un enfant. Mais seulement une sur dix passe à l’acte. De toutes les survivantes de cancer, elles sont les moins nombreuses à avoir un enfant après le diagnostic.

La crainte d’une rechute du cancer joue fortement dans la décision de ces femmes. Une étude présentée au congrès annuel de la Société américaine d’oncologie clinique (ASCO) ce samedi devrait les rassurer. Des chercheurs ont en effet montré que la grossesse ne réduisait pas leurs chances de survie.

Pas de risque hormonal

Les 1 200 femmes de l’étude avaient été diagnostiquées d’un cancer du sein avant l’âge de 50 ans. Et parmi elles, un quart sont tombées enceintes. Plus de la moitié de ces dernières étaient en rémission d’un cancer oestrogène-dépendant (ER+), souvent avec des facteurs aggravant le pronostic (grosses tumeurs, cancer étendu aux ganglions lymphatiques).

Cette population était particulièrement visée par les recherches : les cancers ER+ sont alimentés par les oestrogènes, et l’explosion des niveaux hormonaux pendant la grossesse pourrait favoriser les rechutes. Les traitement hormono-supresseurs qu’elles suivent pendant 5 à 10 ans après la rémission doivent également être interrompus pendant une grossesse.

Mais, après près de 10 ans de suivi, les résultats n’ont montré aucune différence, tant pour les rechutes que pour la mortalité, entre les survivantes étant tombées enceintes et les autres.

Un effet protecteur

Plus intéressant encore, les femmes ayant eu un cancer du sein ER- (non oestrogène-dépendant) avaient, à l’inverse, 42 % de risques de mortalité en moins lorsqu’elles avaient au moins entamé une grossesse, qu’elle ait abouti ou non.

« Il est possible que la grossesse induise un effet protecteur chez les patientes en rémission d’un cancer ER-, grâce à des processus du système immunitaire ou des mécanismes hormonaux », explique le Dr Matteo Lambertini, oncologie à l’Institut Jules Bordet de Bruxelles (Belgique), et l'un des auteurs de l'étude.

Au cas par cas

De manière générale, grossesse et cancer du sein ne sont donc pas incompatibles. Ces résultats jouent en faveur des femmes souhaitant un enfant, mais il est tout de même important d’y regarder de plus près.

« Les résultats confirment que la grossesse après un cancer du sein ne doit pas être découragée, même pour les femmes avec un cancer ER+, explique le Dr Lambertini. Cependant, au moment de décider du temps d’attente avant de l’entamer, les patients et les médecins doivent évaluer le risque personnel de rechute pour chaque femme, en particulier pour celles sous hormonothérapie. »