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Pas plus de 60 minutes

Transports en commun : plus c’est long, moins c’est bon pour la santé

Par Antoine Costa

Les travailleurs qui passent plus d’une heure dans les transports en commun sont plus stressés, plus déprimés, et souffrent plus d’obésité.

Malcolm Manners/Flickr

Plus écologiques, (souvent) plus rapides, plus sûrs… Les transports en commun sont parfois très pénibles, mais ont quelques avantages. Leurs usagers marchent un peu plus que leurs homologues conducteurs, et sont ainsi en meilleure santé : IMC plus faible, moins de masse grasse, donc moins de risques de maladies cardiovasculaires, entre autres. Ils auraient même un meilleur moral.

Oui, mais… Comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas en abuser. Tous ces bienfaits s’amenuisent lorsque le temps de transport dépasse les 60 minutes. C’est ce que révèle une étude réalisée sur plus de 34 000 travailleurs britanniques, réalisée par des chercheurs de l’université de Cambridge, en collaboration avec VitalityHealth (assureur britannique), RAND Europe et Mercer (deux think tanks américains).

Le trio stress-sommeil-obésité

Les usagers qui mettent plus d’une heure à aller au travail ont ainsi 33 % plus de risques de souffrir de dépression que ceux dont les différents changements prennent moins de 30 minutes. Ils sont également 12 % à se déclarer plus stressés, 46 % à ne pas dormir suffisamment, et les chercheurs ont dénombré 21 % d’obèses supplémentaires.

Ils seraient, en outre, 37 % de plus à s’inquiéter pour des problèmes financiers, et leur productivité est plus faible : par an, les chercheurs estiment qu’ils perdent 7 jours de temps de travail. Une petite pique envoyée aux employeurs, qui sont appelés à s’adapter pour la santé de leurs employés, mais aussi de leur entreprise.

La flexibilité fait mieux que le télétravail

« Nos recherches suggèrent que les employeurs pourraient étudier la mise en place d’horaires de travail plus flexibles, dans une optique de bien-être au travail, au sein d’une stratégie de management de la productivité, estime Shaun Subel, directeur de la stratégie chez VitalityHealth. Leur permettre d’éviter l’heure de pointe quand cela est possible peut réduire le stress et promouvoir un style de vie plus sain. Ce qui impacte positivement la productivité. »

Les sujets de l’étude dans ce cas sont en effet les moins stressés et les moins déprimés, fument moins, sont moins obèses, et dorment plus. Ils gagnent par la même occasion 5 jours de productivité par an. Des bénéfices qui ne se retrouvent pas chez ceux qui peuvent travailler de chez eux, mais pour qui les horaires ne sont pas flexibles. Ce sont même les moins productifs, avec 29 jours perdus par an.

 

 

En France, entre 11 et 15 % des 25-54 ans actifs sont des « grands mobiles », qui passent plus de deux heures par jour dans les transports en commun ou en voiture, d’après une étude de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), parue en 2015. Si, dans certains pays comme la Suisse ou l’Allemagne, cette mobilité est souvent choisie, ce n’est pas le cas pour les Français, qui la subissent : pour 28 % d’entre eux, la mobilité est une arme anti-chômage.