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Tribune dans le BMJ

Hôpital : les blouses nuisent au rétablissement des patients

Par Julie Levallois

Des soignants militent pour la fin des blouses d'hôpital. Elles favorisent l'alitement des patients, ce qui retarde leur sortie de l'hôpital.

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Haro sur les blouses d’hôpital ! Au Royaume-Uni, plusieurs professionnels de santé ont déclaré la guerre à ces tenues peu seyantes et souvent trop peu couvrantes. Un seul mot d’ordre : mettre fin à ce qu’ils qualifient de « paralysie du pyjama » (PJ paralysis). « L’alitement excessif est encore trop courant », déplore David Oliver dans le British Medical Journal. Ce consultant en gériatrie détaille brillamment dans une tribune pourquoi l’hôpital doit permettre plus de mouvement.

Le mouvement, justement, part de l’hôpital de Nottingham (Royaume-Uni). Ses équipes ont lancé sur les réseaux sociaux une campagne intitulée End PJ Paralysis. Autrement dit, arrêtons de mettre systématiquement les patients en pyjama, ou pire, en blouse. Outre-Manche comme en France, le hashtag a fait un tabac. Il faut dire que la pratique est courante, voire omniprésente.

Marisol Touraine saisie

Sur leurs sites Internet, la plupart des hôpitaux français recommandent aux patients de se présenter équipés d’un pyjama ou d’une chemise de nuit, ainsi que d’une paire de pantoufles. Le décor est planté : votre séjour se fera allongé. Les tenues proposées sur place n’arrangent rien. Elles ont une fâcheuse tendance à laisser entrevoir un bout de fesse. De quoi inciter à garder la chambre, même pour les moins pudiques.

Le contexte de l’hôpital n’aide guère à faire évoluer la situation, reconnaît David Oliver. Aider un patient à se lever, cela demande des effectifs qui n’existent pas. Par défaut, c’est donc l’alitement qui l’emporte.

« Autant que possible, nous devrions orienter les patients vers les soins ambulatoires, recommande le consultant. Quant aux autres, il faudrait cesser de leur proposer des blouses ouvertes et des pyjamas. » Mieux vaut, par exemple, apporter des vêtements de jour.

La riposte s’organise depuis un certain temps. En 2012, déjà, une pétition a attiré l’attention de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Saisie du dossier, elle a émis quelques propositions. L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a saisi la balle au vol.

Une récupération plus lente

Vous pourrez donc déambuler dans les hôpitaux parisiens sans craindre de dévoiler votre fessier aux yeux du monde. L’institution a décidé, fin 2016, de changer la coupe des blouses proposées aux patients. Les expérimentations « patient debout » ont elles aussi pour objectif de faciliter la mobilité des personnes hospitalisées avant même l’intervention.

La recette n’est pas si compliquée, à en croire Anne-Marie Riley, infirmière-chef adjointe de l’hôpital de Nottingham. « Si nous pouvons aider les patients à reprendre leur vie quotidienne aussi vite que possible, y compris en les habillant, nous pouvons les aider à récupérer plus vite », développe-t-elle, interrogée par le Daily Mail.

Car la littérature est sans équivoque. Un patient alité trop longtemps s’en sortira moins bien. Garder le lit favorise les thromboses, les escarres, mais aussi la perte de confiance et la dépendance vis-à-vis des soignants. Autant de limitations qui risquent de retarder le retour au domicile et qui dégradent l’état de santé. Il n’est pas rare, déjà après 10 jours d’hospitalisation, que les patients soient moins endurants.