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Surpopulation, rats…

Fresnes : la justice saisie sur l’insalubrité de la prison

Par Suzanne Tellier

L’Observatoire international des prisons a saisi les tribunaux afin d’obliger l’Etat à mettre en place un "plan d'urgence" à Fresnes.

Espaces extérieurs, Fresnes. Crédit : JC Hanché / CGLPL

Au gré des rapports, le centre pénitentiaire de Fresnes se dévoile et illustre, à son niveau le plus critique, la problématique des prisons françaises. D’abord, celle de la surpopulation carcérale, devenue endémique dans le pays. Dans des cellules de 9 m2, censées être individuelles, s’entassent régulièrement trois détenus. A Fresnes, l’encellulement individuel relève du mythe.

Mais ce n’est pas tout. Les détenus doivent cohabiter avec les rats qui prolifèrent dans l’établissement, leurs excréments et leurs cadavres, encourant ainsi un risque élevé d’épidémie. Plusieurs personnes ont déjà contracté une leptospirose, une maladie infectieuses d'origine bactérienne qui se transmet par les rongeurs. Les punaises de lit font aussi partie du quotidien des détenus.

Insalubrité

La prison est plongée dans un état d’insalubrité particulièrement grave. Pour mettre un terme à cette situation intenable, l’Observatoire international des prisons (OIP) et plusieurs associations d’avocats ont saisi la justice. La requête en référé-liberté sera examinée en urgence vendredi matin par le tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne).

Déjà saisi par l’OIP en octobre, ce même tribunal avait ordonné à l’État d'« intensifier » les actions de dératisation « dans les meilleurs délais », tout en reconnaissant que « la situation (était) en voie d’amélioration ».

Or, selon l’OIP, « il apparaît que la présence d’animaux et insectes nuisibles demeure très importante ». L’association regrette également que la direction de l’établissement ne l’ait pas tenu informée des « actions engagées » pour respecter la décision de justice, malgré ses multiples courriers.

"Plan d'urgence"

Cette fois, l’OIP demande à l’Etat de mettre en place un « plan d’urgence » global à Fresnes. L’organisation dénonce, pêle-mêle, la « surpopulation » (taux d’occupation de 193,1 % au 1er mars), « la situation sanitaire désastreuse », la « vétusté des locaux » et « un contexte de tensions et de violences particulièrement alarmant ». L’organisation signale également « la systématicité des fouilles à corps, le manque de personnel et le manque d’activité ».

À l’appui de sa requête, l’OIP a compilé une nouvelle série de témoignages d’avocats marqués par « l’odeur nauséabonde » dans la prison et de détenus obligés de nettoyer chaque matin leur cellule « avec un mélange de javel, d’eau et de dentifrice » pour chasser les nuisibles.

En décembre, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) avait dénoncé les conditions « indignes » d’incarcération à la prison de Fresnes et « l’usage banalisé de la force et des violences » par les surveillants.