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Analyse de Générations Futures

Des traces de glyphosate retrouvées dans les urines d'un panel de Français

Par Antoine Costa

L'analyse de 30 Français venant de tous milieux confirme l'omniprésence de l'herbicide le plus vendu dans le monde, selon une association.

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Que vous habitiez à la campagne ou en ville, que vous mangiez bio ou MacDo, que vous soyez un homme, une femme ou un enfant, sachez-le : vous êtes contaminés. Générations Futures publie une nouvelle enquête sur l’imprégnation des Français par les pesticides – en l’occurrence, le glyphosate. Les résultats indiquent un niveau maximal d’exposition.

Pour ces travaux, l’ONG a réuni 30 personnes de 8 à 60 ans, parmi lesquelles Delphine Batho, Charline Vanhoenacker et Emily Loizeau, qui ont accepté de donner un échantillon d’urine. L'association a veillé à réunir des personnes issues de différents horizons (milieu urbain et rural), avec des habitudes alimentaires variées (végétarien, carnivore, varié, biologique, conventionnel…). Les échantillons ont été analysés avec un test ELISA.

Concentrations élevées

« Résultats ? 100% des échantillons contiennent des résidus de cet herbicide classé cancérigène probable par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) », peut-on lire dans un communiqué. Le glyphosate, herbicide le plus vendu au monde, confirme ainsi son omniprésence.

La concentration moyenne de glyphosate trouvée dans les 30 échantillons était de 1.25 ng/ml d’urine. La valeur la plus faible était de 0.09 ng/ml, la plus élevée de 2,89 ng/ml soit 32,11 fois plus élevée que la valeur la plus faible. Générations Futures précise que « 66 % (29 concentrations sur 30) des concentrations étaient supérieures à la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l’eau de 0.1 ng/ml ».

« Malheureusement ces analyses confirment ce que nous craignions après avoir consulté d’autres études réalisées ailleurs en Europe et dans le monde : nous sommes toutes et tous contaminés par le glyphosate », déplore l’ONG.

L'Europe doit trancher

Les travaux surviennent dans un contexte bien particulier. En mars 2015, quelques mois avant que l’autorisation européenne du glyphosate n’expire, des experts du Centre International de Recherche sur le Cancer ont classé la substance comme « probablement cancérogène » pour l’homme.

Les réglementations de l'Union européenne interdisent l'utilisation de pesticides lorsqu’ils sont considérés comme cancérogènes certains ou probables. Alors que l’autorisation du glyphosate arrivait à expiration, la Commission européenne proposait d'autoriser sa vente pendant encore 14 ans. Mais la proposition, très critiquée par les ONG et la société civile, n'a pas reçu le soutien des Etats membres.

La Commission s'est finalement vue obligée d'étendre l’autorisation actuelle pour 18 mois, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) devant publier un avis sur la sécurité du glyphosate ce printemps.

Un résumé de cet avis a été publié en mars et exonère le glyphosate du moindre risque cancérogène pour l’homme… « La balle est maintenant dans le camp de la Commission européenne qui doit faire prochainement une nouvelle proposition aux Etats Membres », souligne Générations Futures.

500 000 citoyens veulent l'interdire

En attendant, une initiative citoyenne européenne a été lancée pour interdire le glyphosate. Si elle atteint un million de signatures, les autorités européennes devront faire une proposition législative. A ce jour, 500 000 citoyens européens l’ont signée.

Depuis le 1er janvier 2017, le Round Up est interdit à la vente en France, même si celle-ci reste tolérée jusqu’en 2019 afin de permettre aux commerçants d’écouler leurs stocks et aux utilisateurs de trouver des alternatives. En tout, 132 produits contenant du glyphosate ont été retirés de la vente.